Inmarsat Mini-C, notamment tracking et encore plus.
Tracking mondial AIS via satellites Orbcomm OG2.
Tracking, plotting et autres suivis
Informatique & communication
Depuis l’avènement des réseaux de satellites au-dessus de vos têtes et de l’E-mail à bord, il devient facile de faire communiquer tout ce petit monde pour savoir où vous êtes en permanence. Google Earth a mis à disposition sa formidable plateforme cartographique et photographique. En mixant les deux, vous pouvez faire savoir au monde entier quel est le sillage de votre navire, même si c’est essentiellement vos proches qui y trouvent de l’intérêt.
Au-delà de cet aspect ludique de la communication (on peut ne pas aimer), il y a des aspects plus utiles : la détection du déplacement de votre bateau peut servir d’antivol, le bouton «Distress» de certains équipements peut offrir un signal d’alarme autre que la balise de détresse 406 MHz (qui reste indispensable en grande croisière).
Il existe deux systèmes de suivi (tracking) du bateau :
• Système automatique: ou balise automatique. L’équipement intègre un GPS et un système de communication (montant et parfois descendant) avec un réseau de satellites (Inmarsat, Iridium, Globalstar, Orbcomm, …). Tous les réseaux de satellites n’offrent pas la même possibilité de tracking au grand large. Il y a des systèmes totalement indépendants (= sur batterie comme Dolink ou Spot) ou alimenté par les batteries du bord (Aurora Glow). Nous y reviendrons plus loin.
• Système manuel: Vous relevez les positions sur votre GPS de bord et vous les envoyez par e-mail à un copain via votre système de communication satellitaire, votre e-mail BLU (Sailmail par exemple) ou via votre GSM en navigation côtière. Très basique et has been…
Tous ces systèmes ne sont rien sans une interface cartographique de qualité. Comme la visualisation de la trace est destinée aux amis restés à terre, il faut que ce soit facile à consulter. Google Earth fait ici figure de leader incontesté. La plupart des services utilisent cet affichage bien rôdé. Son côté ludique est indiscutable avec la faculté de zoomer sur les lieux de mouillage.
Tracking sur base d’une carte Tracking sur base Google Earth
La fonction de base est le positionnement sur une carte affichée. Ensuite, suivant la qualité du prestataire de services, le spectateur pourra voir la trace reliant l’historique des positions, afficher le cap, la vitesse et la force du vent si ces infos sont transmises par le bateau ou extrapolées d’une base de données météo. Il est également possible d’afficher les champs des vents pour les prochains jours autour de la dernière position du bateau (via fichiers GRIB). Certains systèmes plus sophistiqués surveillent votre bateau pendant votre absence et vous communiquent grâce à des capteurs, tension batteries, niveau d’eau dans les cales, chocs et déplacements du bateau, etc… (NautiConcept).
«Fleur Australe» en Alaska sur fond de fichier GRIB
Infos affichées en cliquant sur l’icône du bateau
Autres services possibles sur certaines balises
• Alarme détection mouvement : vous avez laissé votre bateau sagement amarré à sa place de port. Une fois ou plusieurs par jour, la balise de tracking du bord expédie sa position. Si la position n’est plus la même que la précédente, c’est que le bateau a bougé. Le mot branché est « geofencing ». Un message d’alerte vous prévient par SMS ou e-mail. Maline, la balise va continuer à fonctionner et vous pourrez retrouver votre bateau avec son équipage d’aigrefins.
• Alarme intrusion : une simple cellule de détection ou une installation d’alarme complète qui communique avec la balise et ensuite avec vous.
• Alerte : certaines balises envoient un e-mail d’alerte pré-encodé après une détection via un senseur et suivant des paramètres préalablement réglés.
• Détresse : certaines balises ont un bouton « Détresse ». L’actionner alertera le prestataire de service (Dolink, Advanced Tracking ou une adresse e-mail). Ces alertes ne sont généralement pas «officielles» (pas GMDSS) à l’exception notoire de celles générées par Inmarsat. Les détresses SARSAT-COSPAS (balise 406MHz) sont GMDSS et bien sûr «officielles».
• Remise assurance : certaines balises sont homologuées par des compagnies d’assurance qui peuvent vous faire bénéficier d’une remise sur la prime et d’une suppression de la franchise vol du bateau. Ceci devient malheureusement de plus en plus rare…
Couverture du réseau
La couverture de votre balise de tracking sera identique à la couverture du réseau de communication. Actuellement, les réseaux utilisés sont :
• GSM : pour une couverture côtière (avec risque de « trous »). Peu utile en grande croisière mais suffisant en Europe.
• Inmarsat : le plus ancien réseau satellitaire, très sérieux et mondial à l’exception des pôles (rien au-dessus de 70°N et S).
• Iridium : mondial.
• Globalstar : s’est récemment étendu et convient pour une navigation atlantique (Pacifique, Indien et au-dessus des cercles polaires sont peu ou pas couverts).
• Orbcomm : mondial à l’exception des hautes latitudes.
N.B. : pour ces deux derniers réseaux, la couverture est nettement plus large en simplex (tracking) qu’en phonie.
La couverture du réseau est aussi fonction du type de réseau satellitaire. Il y a trois types de réseau :
• GEO : Geosynchronous Earth Orbit. Les satellites sont perchés à 36.000 m et tournent à la même vitesse angulaire que la terre, ce qui les fait apparaître comme stationnaires pour nous. A cette hauteur, ils embrassent un large champ terrestre. Quatre « oiseaux » suffisent pour couvrir plus de 80% de la planète (tout sauf les pôles). La vitesse de transmission est assez lente en raison de l’éloignement : 0,27 s pour un aller-retour. Inmarsat utilise ce type de satellite.
• MEO : Medium Earth Orbit. Les satellites sont perchés à 12.800 m. La vitesse de transmission est plus rapide et descend à 0,1 s. Ce qui permet l’utilisation d’émetteurs de plus faible puissance. C’est la constellation des satellites GPS.
• LEO : Low Earth Orbit. Les satellites sont déployés entre 800 et 1.600 kms (little, big et mega LEO). A cette faible altitude, le signal ne met que 0,05 s pour effectuer son A/R. Par contre, il faut un réseau dense d’oiseaux pour couvrir la terre entière : 66 satellites Iridium volent dans l’espace. Comme ils ne volent pas à la même vitesse angulaire que notre bonne planète (satellites défilants), ils se relayent entre eux pour acheminer la communication vers une station centrale au sol (Hawaii). Globalstar a opté pour un système plus simple : les 44 satellites communiquent directement vers des stations terrestres réparties autour du globe. La couverture dépendra donc directement du nombre et du bon positionnement des stations terrestres. Les mers du globe sont moins bien couvertes avec la constellation Globalstar qu’avec la constellation Iridium.
La suite de l’article montrera la couverture mondiale des principales constellations de satellites de communication.
Les principaux réseaux satellitaires utilisés en tracking et leur couverture :
INMARSAT
• Fondé en 1979 par organisation internationale de 80 pays et privatisé en 1999.
• 4 satellites Inmarsat-3 «maritimes» géostationnaires à 35.700 km d’altitude.
• Réseau terrestre de 37 LES (land earth station) spécialisées suivant le standard.
• Inmarsat (C, M, Fleet, Bgan, D+, etc.).
• Couverture mondiale sauf pôles (70°N et S).
• Système essentiellement maritime intégré au système mondial de sécurité maritime GMDSS (SMDSM en français).
• Prestataire de services pour balises et tracking : DOLINKet SPOT X.
ORBCOMM
• Fondé en 1993. Sous tutelle judiciaire en 2000 avant de retrouver des fonds privés.
• Constellation de 12 satellites défilants LEO 2ème génération opérationnels (Orbcomm-OG2) et +-24 opérationnels de la 1ère génération.
• Réseau de stations terrestres traitant les données.
• Couverture mondiale suivant défilement des satellites sauf pôles.
• Traite seulement les data (pas la voix).
• Le seconde génération de satellites (OG2) intégre un suivi AIS des navires équipés en plus du data. L’AIS par satellite est du tracking pur et simple.
• Prestataire de services pour balises et tracking : Visutrack Marine.
Les principaux acteurs du tracking maritime
Si la plupart des réseaux de communication et de tracking satellitaires sont nord-américains, ce n’est pas le cas de développeurs des balises utilisant ces réseaux. Américains, Européens, Australiens développent des balises civiles, principalement pour le suivi des mobiles terrestres (camion, containers, voitures). Ces balises sont facilement adaptables au monde maritime pour les navires ou miniaturisées pour le suivi des animaux (jusqu’à 15 gr. la balise oiseau chez Argos !). Avec une bonne antenne et une alimentation extérieure, le tracking est un exercice relativement confortable, mais lorsqu’il s’agit de rendre ces petites boites totalement indépendantes (batterie intégrée, sans antenne) et qu’il leur est demandé de fonctionner longtemps, les choses se corsent et le résultat est délicat. L’interface graphique sur une carte est souvent le parent pauvre de la chaîne de tracking.
Examinons quelques balises et providers disponibles en France :
DOLINK
• Balise Globalstar Dolink G2 - miniature, autonome ou alimentée, étanche, facile à fixer dans le bateau, peu chère.
• Balise Globalstar Dobox HF - miniature, alimentée, étanche, pour des pas de positionnements courts (toutes les 2,5’ à toutes les 4 heures).
• Interface graphique Konectis : fond d’écran = Google Earth + alarme d’arrivée + divers rapports et traces + affichage fichiers Grib. Egalement sur smartphone.
ORBITICA
• Balise Inmarsat Mini-C TT/Sailor - antenne champignon extérieure, alimentée, Tracking + Data bas débit. Chère mais GMDSS.
• Interface graphique VisuTrack Marine : fond d’écran = cartographie Admiralty UK + alarme d’arrivée + divers rapports et traces.
Conclusions (provisoires)
NE JAMAIS faire l’impasse sur la balise de détresse 406MHZ avec GPS intégré, c’est bien plus important que du tracking pour réseaux sociaux.
Le tracking maritime pour la plaisance a bien muri depuis quelques années, chaque constellation de satellites propose aujourd’hui des solutions maritimes alors que l’essentiel du marché est le suivi terrestre (camions, containers, flotte de véhicules, etc.).
Les produits continuent à évoluer et s’enrichissent de nouvelles possibilités comme dans d’autres domaines de l’électronique et de la communication, il y a lieu de faire une étude de marché au jour de la prise de décision en fonction de vos besoins. Réfléchissez à la nécessité de vous faire «tracker» car c’est bien pour les autres que vous le faites puisque vous savez où vous êtes !
Si c’était pour moi, je choisirais l’Iridium Go en activant sa fonction tracking car c’est peu cher et surtout, l’appareil fait beaucoup d’autres choses qui nous intéressent plus.
Dites-vous également que vous pouvez vous faire «tracker» gratuitement sur «Marine Traffic» (et bien d’autres) si vous avez un AIS de «Classe B» sur lequel il devient difficile de faire l’impasse en grande croisière. La puissance de 5W des derniers modèles est en principe suffisante pour atteindre un satellite Orbcomm. Les «Classe A» des cargos passent bien (12,5W). Ci-dessous l’instantané «Marine Traffic» des seuls bateaux de plaisance en transat le 19/01/2020. Il y a du monde…
Pour clore ce chapitre,
et distraire les férus d’informatique, le logiciel SaVi(Satellite Visualization) est gratuit et permet de visualiser en temps réel la couverture de plusieurs réseaux de satellites dont il a été question ci-avant. Il fonctionne sous Linux. Si vous naviguez sous Windows, installez d’abord l’émulateur CYGWIN. Si vous naviguez avec Apple, mettez le cap sur Mac-on-Linux…
Que votre route ne soit pas droite et que votre trace donnée en pâture aux cybernautes initie de nouveaux départs.