Voyage 2005 - 2007

de Caramel

CHAPITRE 02 : CAP VERT - SENEGAL


Traversée Tenerife - Mindelo

Tout va bien, rien n'a disparu, rien n'est abimé. Je suis seul de retour sur Caramel. Orphelin depuis un mois, il est bien content de me voir pour être débarrassé de cette couche de poussière rouge qui colore ses attraits blancs. Il fait déjà un peu plus frais en cette mi-octobre, plus que 28°C . Le vent aussi diminue à cette période de l'année. Parfait pour le ménage et les divers petits bricolages qui restent à faire.


Sur le ponton de Caramel ainsi que sur les autres pontons de la Marina Atlantico , flottent quelques drapeaux bleus du Rallye. Echanges de civilités nautiques suivis de mondanités apéritives. Ca commence bien !


Catherine arrive une semaine après moi. Nous faisons ensemble un tour complet de présentation parmi les bateaux du Rallye. Vingt cinq participants cette année et surtout neuf catamarans dont trois de plus de 50 pieds (15 m). La clientèle est très mélangée, on y trouve des débutants de la grande croisière, des régatiers aguerris, de vieux routards de la Méditerranée et de Bretagne. Beaucoup sont fraîchement retraités et plusieurs sont de très jeunes préretraités.


En connaissant mieux mes camarades skippers, j'apprendrai qu'au moins trois d'entre eux avaient décidé à 20 ans d'arrêter de travailler à 40 et 50 ans. Ils ont trimé un maximum durant 20 à 30 ans en tant qu'entrepreneur ou pour d'importantes sociétés internationales pour tout vendre ou quitter leur job avant l'apogée de leur carrière. Une telle planification me laisse pantois.


Un cocktail offert par la Mairie de Santa Cruz, réunit les équipages au grand complet dans les locaux confortables du Clubo Nautico où nous achevons de rencontrer les arrivants tardifs, victimes de pannes diverses et d'aléas éoliens. Catherine se fait une première brochette de copines.




Jean-Marc est un technicien en électronique, spécialisé en matériel marin. Il est invité par le Rallye à contrôler avant le départ les radios longue portée (BLU) des participants. Celle-ci est le principal outil de communication durant le Rallye. Elle reste pour les marins un moyen gratuit (sauf achat de l'appareil !) de communication à longue distance qui commence à être concurrencé par les téléphones satellites. Les systèmes sont pourtant complémentaires.


Jean-Marc décèle sur notre BLU Furuno, une panne (transistors de puissance grillés) d'autant plus anormale qu'elle s'est déjà produite il y a 2 ans. Rontudjûûû. Je râle sec. Depuis notre retour du précédent voyage, nous ne l'utilisons plus qu'en réception et je n'avais pas vérifié avant le départ si l'émission était bonne (un mauvais point pour le Captain). Manifestement l'appareil à un défaut. Le prix de la réparation et l'incertitude d'un dépannage définitif nous amène à opter pour l'achat d'une nouvelle BLU Icom. Elle devrait nous parvenir fin novembre à Dakar avec les équipiers de la transat. Le pion « Dépenses Imprévues » avance d'une case. Celui des « Dépenses Plaisirs » ripe aussi : achat d'un barbecue au gaz. Marre du charbon de bois qui salit tout et qui ne démarre plus dès qu'il est humide !


Nous ne sommes certainement pas les plus mal lotis. Au vu de toutes ces petites mains fébriles qui s'affairent sur les ponts et dans les cales, d'autres ont des problèmes plus importants à résoudre et il ne leur reste que peu de temps. La descente depuis la France a révélé son lot de petites misères. Les bateaux neufs ne sont – et de loin – pas épargnés. Electroniques inertes, dessalinisateurs dégoulinants, moteurs inanimés, groupes électrogènes sans électrons et téléphones satellites muets. Notre petit monde se frotte au grand voyage, les artisans de Santa Cruz se frottent les mains.




Paul, notre équipier jusqu'à Dakar arrive le 20 octobre en soirée, le B747 en provenance de Madrid accusant comme toujours une à deux heures de retard. Nous ne connaissons pas vraiment Paul, mais il a déjà navigué sur le Super Maramu d'un ami navigateur.


Pour lui souhaiter bon accueil, nous allons dîner dans un bistrot de l'avenida Maritima : « Le Bouchon », tenu par Patrice et sa famille. Navigateur tombé amoureux de l'île, il régale les équipages des yachties en baguenaude. Son foie gras est délicieux et les prix très raisonnables. «Et un foie entier pour l'équipage de Caramel, Un !». Nous repartons avec un colis-plaisir, direction congélateur, point de décongélation : 00°00' latitude N et 026°00' longitude W (le passage de l'équateur).


Cela fait presque deux mois que Caramel est immobilisé à quai. Je décide de plonger pour inspecter la propreté de la carène (partie immergée) et de l'hélice. Tout est bien et comme je suis à l'eau équipé du matériel de plongée, j'en profite pour faire le boyscout et nettoyer les hélices des neuf bateaux du Rallye amarrés à notre ponton. Les petits échanges de services favorisent les relations et cultivent l'esprit d'entraide entre marins.




Samedi 22 octobre. Cela sent le départ. Tous les bateaux font un tour d'honneur devant le Clubo Nautico pour le «remercier» de l'accueil. Le Consul de France est le seul spectateur, accompagné de … Catherine qui est resté à terre pour cause d'échange de bouteille de gaz. Nous avons plus de chance qu'il y a quatre ans, il n'y avait personne ! Concert de cornes de brume sous un ciel limpide.


Dans la foulée, les trois plus petits bateaux du Rallye s'élancent vers Mindelo, notre première destination au Cap Vert. Les autres rentrent à la Marina pour cause de départs décalés. Le but étant que tous arrivent en même temps, ce qui n'arrive jamais !


Le lendemain après-midi, Caramel largue les amarres après que son équipage ait serré toutes les pinces rencontrées sur le ponton. Dans l'avant port, nous prenons le temps de ranger le matériel d'amarrage. A cette heure de la journée, le vent thermique est puissant et nous déhale rapidement le long de l'île.


Le vent vient de l'arrière, nous sommes au portant, une allure apprécié par Caramel. Les deux génois sont mis à poste (des voiles, pas des clandestins). Ecartés par les tangons, ils donnent à bateau une allure de papillon coloré. Ce gréement est très efficace car il nous propulse mieux qu'un spinnaker et si le vent monte, nous pouvons réduire la toile en enroulant simultanément les deux voiles autour de l'étai.


Le vent est solide : 15 à 18 nœuds. Nous glissons sur les vagues en faisant gicler l'écume. Le speedomètre (compteur de vitesse) affiche régulièrement 9 nœuds. A la fin de la journée, nous dépassons la pointe sud de Tenerife et abordons le large. Les trains de vagues nous prennent de trois-quarts arrière. Cette orientation pousse le cul du bateau à chaque grosse lame et le pilote automatique à fort à faire pour réduire les lacets et piloter au plus droit. Pour l'aider, un petit accéléromètre installé tout à l'arrière du bateau mesure le moindre déplacement de la poupe et ordonne au pilote des corrections rapides. Le résultat est assez spectaculaire, on a l'impression qu'il anticipe les vagues.


La première nuit est bien agitée, nous devons nous réamariner. Caramel est au mieux de sa forme, il file en longues glissades en compagnie des deux autres bateaux partis à la même heure : Prélud'eux (X442) et Tal (Super Maramu).


Au fur et à mesure de notre avance, nous remontons les bateaux partis avant nous. Les fichiers météo que je reçois par e-mail, nous donnent des vents de N/NE 4 à 5 beauforts. Pourtant la deuxième journée voit le vent mollir mais pas la mer. L'équipage de Caramel se ramollit également. Fin de journée ludique en compagnie de dauphins, ils sont plus de vingt à sauter, plonger et couiner dans le bouillonnement de la vague d'étrave.


Durant le Rallye, il y a deux vacations radios quotidiennes : début de matinée et début de soirée. Nous communiquons à l'organisateur la position du bateau et la route restante pour arriver à destination. Ces informations sont transmises à terre et affichées sur le site du Rallye. Les familles et amis peuvent ainsi suivre notre avance durant la transat de décembre.


La vacation du matin nous donne des nouvelles des catamarans partis après nous. Ils sont sans vent et avancent au moteur. Ici, le vent devient irrégulier. A la radio, nous entendons nos copains à 7 milles devant nous qui sont aussi sans vent. Ceux à 25 milles au NE ont un vent de 12 nœuds. Nous avançons toujours à 6,5 nœuds sans avoir touché aux voiles depuis le départ.


Nos copains de Tal prétendent que le poisson mord surtout en début et fin de journée. Nous n'avons toujours rien pris, mais notre assiduité à la pêche est inversement proportionnelle au stock de thon en boite lestant Caramel. Ce soir, nous tentons notre chance et laissons les lignes à l'eau au crépuscule. Dzzzzzzzzz … 19h30, deux belles dorades se jettent au même moment sur nos poulpes siliconés. Nous perdons la première au moment de la remonter à bord, mais Paul et Catherine récupèrent la seconde.


20 heures. Le vent a disparu, le moteur est en route, le réservoir d'eau douce se remplit et les batteries aussi. La dorade cuit au four, Catherine mitonne une ratatouille niçoise et Paul vient de déboucher une bouteille de blanc bien frais. Aahh, la vie simple et rude des gens de mer !


C'est la dernière nuit en mer et nous ne sommes plus seuls. Des créatures ont envahi le bord. Des centaines de punaises vert clair cheminent laborieusement sur le pont. Les plus audacieuses investissent l'intérieur. Quand on les écrase, il se dégage une étrange odeur de pomme verte. Nous sommes pourtant à plus de 160 km de toutes côtes et le vent vient de la mer. Mystère et boules de naphtaline !


Branle-bas de combat ce matin. Paul et moi rangeons les espars et les voiles sur le pont, tandis que Catherine déblaye les insectes à grands coups d'aspirateur. On récolte le linge à lessiver. Il paraît que le Capitaine sent un peu le musc d'ours … douche pour tous.


A 10h40, Catherine crie « Terre !». Santo Antao est en vue après 5 jours et 860 milles. Deux heures plus tard, nous sommes ancrés dans la baie de Mindelo. Cap Vert, nous revoici !









Cap Vert - Sao Vincente

Logée au creux d'une des plus belles baies du monde (dixit les capverdiens, mais ce n'est pas faux), Mindelo est déjà un autre monde. On a bien quitté l'Europe et le confort des Canaries, mais nous ne sommes pas en Afrique.


Dès le premier soir nous prenons la température de la ville. Toujours aussi chaleureuse et musicale, Mindelo a mûri. La délinquance est en baisse, la ville est propre, les façades se rénovent et s'éclairent de jolis tons pastel. De belles villas se construisent sur les collines de la baie, avec l'argent des nombreux expatriés capverdiens.


La musique est le cœur du pays. Sept personnes sur dix jouent d'un instrument, les autres de leur voix. Toute occasion est bonne pour jouer et chanter des airs enjoués ou emplis de la fameuse « saudade » (nostalgie) capverdienne.


Le Cap Vert est particulièrement francophile. L'Alliance française de Mindelo n'y est pas pour rien. Logée dans une belle maison ancienne du centre ville, elle prodigue ses bons offices à une population réceptive.


De nombreux commerces se sont ouverts, souvent tenus par des chinois : habillement, nourriture, électronique, même le yaourt frais a fait son apparition à Mindelo. Les distributeurs de billets fonctionnent maintenant avec les cartes de crédit et l'Internet ADSL est disponible dans les cybercafés. Le GSM fonctionne parfaitement mais les tarifs exorbitants ne seront visibles qu'à la prochaine facture reçue …en Europe. Téléphoner avec son Iridium est moins cher.


A l'opposé de cet essor, chaque matin vers 07h00, des pêcheurs déplacent de lourdes barques de bois au travers de la baie en ramant avec des avirons rafistolés en fer de boites de conserves. Ils mettent à l'eau une longue senne qui ne prendra que du menu fretin. L'opération est inlassablement répétée au long de la journée dans la sueur et les ahanements des corps d'ébène tirant sur la plage. Le Cap Vert est toujours un pays pauvre.


Catherine s'est promenée avec une photo de Silverio, le guide druide de notre précédent séjour. A l'accueil d'un hôtel, il a été reconnu et nous avons obtenu ses coordonnées. Par chance, il est libre et nous allons passer trois jours avec lui.


Nous proposons à Ariane et Jean-Philippe de « Tuamitoo » de partager nos excursions. La première journée est consacrée à Sao Vincente. Depuis la grande plage du sud de l'île, nous crapahutons le long de la falaise pour rejoindre le phare de Sao Pedro. Le soleil cogne fort et le vent est parfois si violent qu'il nous déséquilibre dangereusement.


Le tour classique de l'île nous amène à son sommet, où des militaires désœuvrés gardent une station d'antennes rouillées et inutilisables. Ce tour nous a tout de même permis de nous rendre compte que les routes sont maintenant en bon état et que l'usine de dessalement d'eau de mer va permettre à l'île de prendre un virage décisif vers une prospérité économique qui ne peut passer que par le tourisme.









Cap Vert - Sao Antao

Départ à 08 heures sur le «nouveau» petit ferry qui relie les deux îles. Le chenal qui sépare les îles est toujours soumis à un effet venturi qui décoiffe. Nous avons demandé à Silverio de refaire la somptueuse marche de la Caldeira (cratère du volcan) vers Ribeira Grande sur la côte. Une dénivelée de 1.500 mètres sur un sentier d'ânes serpentant le long du volcan.


Par chance, le temps est dégagé au sommet. La vue plongeante est incroyable. Tout au fond de la vallée se dessine la frange blanche des vagues sur le littoral. Les hommes ont sculpté des milliers de terrasses de culture sur les pentes abruptes. Un travail gigantesque. De-ci de-là, entre les cultures pointe le vert d'un bassin d'eau de pluie. Au-dessus de nous planent des aigles sur les courants ascendants. La brise est légère et le silence qui englobe cette vue aérienne nous plonge dans la sérénité. Nous parlons peu et admirons.


Revenons sur terre pour entamer l'enfilade des 77 virages qui vont nous mener au premier village. Silverio nous dit qu'il a très peu plu cette année et que les vallées ne sont pas très vertes. Nous ne voyons pas beaucoup de différence par rapport à notre première venue.


Catherine rencontre les premiers enfants. Elle s'empresse de montrer les photos prises il y a quatre ans. « Tu connais cet enfant ? » demande-t-elle. L'adolescent qui tient la photo l'étudie avec sérieux. « Mais c'est moi ! » dit Ilario ébloui avec un sourire qui lui fend la poire. Quelle coïncidence ! Il n'en revient pas et très vite étudie les autres photos et reconnait sa sœur Josi .


Ilario ne peut nous emmener jusqu'à sa sœur, car il travaille aux champs, mais nous donne les indications nécessaires. Nous descendons jusqu'aux premières maisons et retrouvons Josi avec toute une smala d'enfants à laquelle Catherine distribue bonbons et feutres de couleur. Dans la vallée, le bruit de notre venue descend plus vite que nous.


En route, nous demandons à un cultivateur de pouvoir goûter un tubercule de manioc. Très gentiment le vieil homme se dirige vers le plus gros plan de manioc et l'arrache avec difficulté. Nous sommes un peu gênés, il y en a au moins 5 kilos ! Nous les lui achetons et lui en faisons cadeau. En remerciement, il emmène les quatre hommes de notre petit groupe dans sa maison qui est à quelques pas.


L'habitation de pierre a un toit végétal et ne comporte que deux pièces de 10 m² . La première sert à cuisiner et à manger, la seconde à dormir. Quelques rares meubles rustiques garnissent cet espace de terre battue. A pied du lit de fer trônent trois fûts de 200 litres. Le vieux veut absolument nous faire goûter son «Grogue», l'alcool capverdien issu de la fermentation de la canne à sucre. Il me fait siphonner l'alcool depuis le fût dans un bidon en plastique transparent habité par quelques cadavres de mouche. Je me dis que l'alcool est antiseptique et suce le tuyau. Le grogue est parfumé et fort. Nous refusons qu'il nous fasse cadeau de quelques litres. Il semble tellement dénué de tout. Nous avons tort, on n'en goûtera pas de meilleur ! Nous lui achetons quelques bananes au délicieux goût de miel. Un goût volé par les transports en cargo.


On a perdu nos femmes, Catherine et Ariane socialisent de leur côté avec la mère d'Ilario. Voici le compte-rendu de Catherine : « Elle insiste pour nous montrer sa maison. Coup d'œil complice entre Ariane et moi. Allons-y ! La maman d'Ilario est si heureuse de nous montrer le bébé de cinq jours de sa fille ainée de 17 ans. La petite pièce est mangée par un grand lit dont la tête est formée par cinq gros sacs de 50 kg de riz. La jeune maman est allongée le ventre bandé, elle soutient la tête de l'enfant. Notre émotion est grande car nous nous réalisons ce que peut-être l'accouchement d'une femme dans un endroit si haut perché dans la montagne, sans eau ni électricité et avec un minimum d'hygiène. Nous restons sans voix, puis je retrouve quelques mots de portugais pour m'extasier. La maman est ravissante, le petit garçon aussi. La jeune grand-mère de 37 ans veut que nous fassions suivre les photos prises le plus rapidement possible. Silverio s'en chargera dans quelques jours avec un petit colis cadeau pour le bébé. Nous devons retrouver les garçons. Nous prenons congé avec moult poignées de mains et embrassades. Que d'émotions intenses !» .


Les conditions de vie dans la vallée sont simples, mais la terre est fertile et l'eau ne manque pas. La famine n'est qu'un spectre lointain. Reste que rien n'est plat. Les terrasses de culture ne font parfois que quelques mètres carrés. Les plantations, les récoltes se font uniquement à main d'homme avec pour seuls outils, une binette et un couteau.


La vallée est un arboretum naturel. Silverio nous montre les palmiers, caféiers, goyaviers, jacquiers, manguiers, orangers, citronniers, etc… Et puis il y a les cultures : la canne à sucre, la plante mère, mais aussi les patates douces, les choux, les carottes, les haricots. Même les mauvaises herbes sont surprenantes comme ces plants de tabac qui s'essaiment librement.


Silverio nous loge dans une agréable pousada à Ribeira Grande. Toute neuve et dotée du confort moderne, elle est le signe de l'évolution des îles. Introuvable il y a quatre ans.


Fort de notre expérience, nous demandons à Silverio s'il peut nous trouver un bistrot sympa où il ne faut pas attendre une heure avant de recevoir sa pitance. De fait, un quart d'heure après s'être assis, nous sommes servis et c'est bon !


La salle est animée, les clients vont et viennent. C'est l'anniversaire de la serveuse qui a droit à une distribution de bisous. Un groupe d'hommes entre. A sa tête un personnage râblé, vêtu de blanc et coiffé d'un calot en crochet : Mr K. Architecte de son état, c'est aussi un musicien vedette à ses heures de loisirs.


Un peu diva, il se fait prier pendant une demi-heure par la salle avant de prendre sa cavinho (petite guitare au son métallique). Comme nous n'avons pas tout compris, nous sommes surpris de voir qu'il est accompagné d'un second et d'un troisième guitariste, d'un percussionniste et d'un second chanteur. Tout un band ! Les clients – une douzaine avec nous – s'écartent, un silence relatif s'installe, Mr K commence sa prestation.


Chers amis lecteurs, ce fut une soirée mémorable. Non seulement Mr K joue admirablement de son instrument, mais il transcende la musique capverdienne emplie d'allégresse et de la douce nostalgie capverdienne. Son camarade percussionniste rythme délicieusement la musique avec comme seul instrument, une bouteille de «Sprite» frottée par une cuillère.


K entame « Saudade » de Césaria Evora, devenue la chanson phare du pays dans le monde. Nous connaissons tous l'air et chantons bruyamment le refrain à l'unisson. Je dois être trop émotif, j'ai facilement le regard noyé.


A la demande de Mr K, notre guide Silverio se prépare à déclamer un de ses poèmes. Ce grand jeune homme timide et effacé découvre sa voix et déclame un poème moitié en portugais, moitié en français sur l'indépendance de son jeune pays. Concert d'applaudissements.


La soirée se termine par l'interprétation trash d'une chanson de Patricia Kaas. Hilarant ! Retour à la pousada, fatigués par les cinq heures de marche mais le cœur plein d'allégresse. Nous sommes conscients d'avoir passé une journée exceptionnelle.


L'excursion du lendemain nous fait passer à côté de la maison des parents de Silverio. Nous y sommes accueillis avec attention. Mr Silverio père, très âgé surprend Catherine par ses connaissances religieuses et son ouverture au monde uniquement livresque. Catherine reçoit la commande d'une médaille miraculeuse de la Chapelle Notre-Dame, rue du Bac à Paris et une biographie de Sainte Catherine Labourée.


Le retour en ferry vers Mindelo est calme, chacun médite les journées précédentes.


Nous décidons de bouger Caramel. Le mouillage c'est bien, mais le petit ponton du port nous tente. Nous nous y installons avec l'aide de Tuga, le gardien. Nous avons de l'eau pour rincer le bateau et de l'électricité, enfin seulement 180 V, ce qui ne contente pas le lave-linge.


Le vent est toujours soutenu en hiver à Mindelo. Le sable brun de l'île s'insinue partout et colle au gréement. Je n'ose penser dans quel état de crasse vivait la ville au siècle dernier, quand elle servait de stockage à charbon pour les vapeurs transatlantiques.


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Galerie de portrtaits capverdiens

































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Cap Vert - Boa Vista

Il paraît qu'il faut partir vers Boa Vista, c'est marqué dans le planning du Rallye. Bon, alors … Le chenal entre les îles va nous sortir de notre torpeur. 30 à 35 nœuds au près, cela réveille son équipage. Dès que Sao Vincente est contournée, l'allure est plus confortable et nous filons en ligne droite sur la prochaine destination, distante de 130 milles. Le vent est assez nord pour nous permettre de passer au Nord de Sao Nicolao et nous offrir une vue spectaculaire au couchant.


En fin de journée nous rattrapons un voilier du Rallye. J'essaie de le passer au vent, mais curieusement Caramel ralentit. Je change d'avis et passe sous son vent à 30 m de son arrière. «Fortune de mer !» me crie Patrick, son skipper. J'avais négligé ses lignes de pêche et Caramel a mordu un des leurres ! Comme nous avançons à nouveau plus vite, le fil de sa canne se déroule à toute allure, l'obligeant à tout couper dans l'urgence. Je lui présente mes excuses par radio et lui promets de remplacer son leurre à l'arrivée.


Deux journalistes de « Voiles et Voiliers » participent à cette étape, ils font un papier sur les catas en grand voyage. Caramel leur prête son annexe pour faire toute une série de mesures qui ne sont pas nécessairement les mêmes que celles que les chantiers indiquent.


Ils viennent prendre un pot à notre bord et suite à nos discussions, Catherine se voit proposer d'écrire un article sur les équipiers à bord. «L’avis des femmes et des  skippers n'est pas le même» souffle un journaliste. Camarades anciens équipiers, rassurez-vous, il n'y aura pas de noms ! Suite dans quelques mois dans votre journal favori. Je sens que le tirage va augmenter d'ici là.


En attendant, la vie sociale continue bon train dans notre groupe. Nous nous retrouvons un soir à vingt dans le cockpit d'un catamaran, dont trois couples à danser le rock & roll ! Sympa les catas.


Nous mettons à profit les trois jours d'arrêt dans l'île pour la visiter en «aluguer» (taxi collectif). L'île est désertique et poussiéreuse. Le seul bel endroit est l'immense plage de sable clair au sud. A la sortie de la plage, notre jeune chauffeur réussit l'exploit de nous embourber, là où le sable est brun, collant et bien sûr tout mou.


Après plusieurs essais vains, les essieux de notre 4x4 posent sur le sol et nous n'avons de salut que grâce au passage des deux autres aluguers loués par des copains du Rallye, au rire gras et facile. Finalement tout le monde pousse tandis qu'un des 4x4 tire le nôtre hors du bourbier. Après ce bain de boue, nous sommes tous … caramélisés.


La fin de notre séjour capverdien est proche. Le planning dicte sa loi. Nous avons plus apprécié cette nouvelle visite au Cap Vert que la précédente. Nous avons mieux ressenti la gentillesse, l'accueil timide et sincère de ces habitants plus européens qu'africains. Ce pays de mélanges où le racisme a oublié de sévir, où la jalousie semble absente. Douceur de vivre sera la devise que nous lui attribuerons.









Traversée Boa Vista - Dakar

Le Sénégal est un vrai détour si l'on veut se rendre au Brésil car depuis le Cap Vert on fait presque 400 milles vers l'Est, c'est-à-dire dans le mauvais sens ! Pire, contre le vent ! Il faut vraiment vouloir aller à Dakar ou sur le Siné Saloum pour se farcir trois à quatre jours de près.


La mer est bien agitée par une houle de Nord et des vagues de NE. L'anémomètre oscille entre 20 et 30 nœuds. La mer en permanence sur le pont avant, mais nous restons au sec dans le cockpit couvert par la capote.


Le second jour, le vent facétieux tombe soudainement et tourne de 70°. Les voiles de Caramel se mettent à contre et le temps de redresser la situation, la voile d'avant s'est déchirée de 30 cm. Rontudjûûû !


Ce génois a déjà plus de 20.000 milles dans les coutures et il est en fin de vie, mais ce n'est pas une raison pour l'esquinter plus. Je décide de l'enrouler aussitôt. C'est une chance d'avoir eu ce problème de jour, car le temps de réagir, la déchirure mesure déjà 80 cm !


Avec Paul et Catherine, nous gréons l'étai largable et hissons en place le nouveau foc de brise. Celui-ci a été taillé pour les étapes ventées du Sud et ses 28 m² sont prévus pour des vents de plus de 30 nœuds. Nous n'avançons plus qu'à 4,5 nœuds. On n'est pas rendu dans cette mer désagréable. Moteur et grand-voile pour finir les 200 milles qui nous séparent de Dakar. Pffff, agréable comme traversée…


Les départs décalés du Rallye nous obligent à arriver de nuit pour cette étape. Ce n'est pas une bonne idée, car les pirogues de pêche sénégalaises s'éloignent parfois jusqu'à 40 milles au large. Il faut être très vigilant, parce qu'elles ne sont pas visibles au radar, ni éclairées. Au mieux, si nous sommes aperçus, les piroguiers agitent une lampe de poche pour nous avertir. On peut réagir, si on les voit, si leurs piles sont bonnes, si on n'est pas en bas pour se préparer une soupe, si …


Paul prend le premier quart jusqu'à minuit. Ce sont ses derniers milles sur Caramel et comme Dakar est proche, il reste sur le pont pour l'atterrissage. Une heure du matin, Philippe, l'organisateur du Rallye est à poste pour souhaiter la bienvenue aux bateaux et les guider vers le mouillage.


Juste avant la pointe du Cap Manuel qui protège la ville, « Sandy 2» avance lentement à la voile. Il a enroulé autour de son hélice le bout de sa drisse de génois dont l'extrémité lovée le long du mât est passée par-dessus bord. Yann a bien essayé de plonger pour dénouer l'affaire, mais il en est juste ressorti les bras entaillés par les bernacles. «Zen», un cata du Rallye, l'accompagne à vitesse réduite pour le haler jusqu'au mouillage. C'est aussi cela l'esprit Rallye.









Sénégal - Dakar

L'anse Bernard où nous sommes mouillés est parfaitement calme, juste un peu d'air pour ne pas avoir trop chaud. Nous sommes à 300 m de la piscine de l'hôtel Teranga qui donne sur la place de l'Indépendance au centre ville.


Le lendemain soir, les participants sont conviés à une réception donnée à la résidence de l'ambassadeur de France au bout du Cap Manuel. Bel endroit, avec une vue superbe. Nous y rencontrons des expatriés sympathiques et un ambassadeur qui sait recevoir.


La ville de Dakar est dans un état lamentable. Partout, les immeubles délabrés ou saccagés enlaidissent les rues. Les rues sont jonchées de détritus. Les vendeurs à la sauvette sont en revanche moins collants qu'à notre dernière visite. Il suffit de répondre « Non merci » et ils ne vous poursuivent pas plus de 30 m.


Caramel demandant quelques soins (génois, bricolages, nettoyages), nous passons deux jours à bord, entrecoupés de petites visites au marché Kermel, chez Kermel, chez Loutcha, quelques lieux sympas de la ville. La bonne humeur sénégalaise n'est pas galvaudée.


Le cata «Amaryllis» arrive enfin. Au départ de Boa Vista, suite à un départ précipité et une suite de petits pépins (la loi des séries), le bateau s'est retrouvé sur un haut fond rocheux qui a entaillé assez sérieusement une coque pour ouvrir une voie d'eau. Heureusement, Jean-Marc a pu étancher.


Le cata «Imagine», malheureusement titulaire d'un nombre record de pépins de tous ordres, arrive au petit jour, après avoir pompé une bonne partie de la nuit. Un hublot de sécurité (dans la coque et sous le pont, destiné à pouvoir sortir si le cata est retourné) a explosé (?!) de nuit. Le temps de s'en rendre compte, il a embarqué plus de 3000 litres, noyant dans la foulée du matériel électrique. Après avoir été touché par la foudre, il y a quelques mois, je me demande si certains bateaux n'ont pas été montrés du doigt par Neptune …









Sénégal - Sine Saloum

Lundi, nous levons tous l'ancre vers le Siné Saloum, fleuve et bras de mer à 100km au Sud de Dakar. Sur la route, Caramel s'élance presque dans un de ces satanés filets flottants que les pêcheurs étendent en mer sans la moindre signalisation. Contact moteur et marche arrière toute. Ouf, on s'arrête à 20 mètres des boules flottantes.


Le Saloum, c'est un pays de pêcheurs, de sable, de mangrove. La passe de l'entrée de Djifer n'a pas changé : cap sur le château d'eau, à 100 m du sable, on vire à tribord juste là où les vagues de la plage commencent à enfler. On tourne ensuite deux gros poteaux de bois pour se retrouver derrière la presqu'île, sous le village des pêcheurs. Sur la cartographie électronique, le sillage rose de Caramel traverse allègrement la mangrove. La technologie a encore des limites qui peuvent être dépassées !


A Djifer, nous avions laissé des copains. Il y a d'abord Adama, couturier du village. Catherine s'y était fait tailler deux boubous taille basse (= basques) en 2001. Dans un bazar de Dakar, elle a acheté pour lui une splendide paire de ciseau de tailleur (made as German, but in China)  L'homme est visiblement très ému de son cadeau, il le tient en main en le tâtant doucement d'une main experte, la poire fendue d'un sourire sincère. «Merci, vraiment merci Madame», nous comprenons la valeur qu'il attache à cet objet lorsqu'il nous montre son outil actuel : les deux lames des ciseaux sont reliées de façon lâche par un boulon trop long. L'ensemble ne devant plus couper même du carton …


Au bout du village se trouve Badou Faye, le sénégalo-vietnamien, restaurateur et maintenant hôtelier de son village. Badou est un sage, cultivé, intellectuel, philosophe et un peu snob. Souvenez-vous, nous avions passé un bon moment avec lui en 2001 et mangé sur le bout de plage qui servait de salle à manger, devant sa cuisine. Le nombre maximum de clients était de quatre, car il n'avait que quatre verres, assiettes, couverts, …


Badou et sa famille sont travailleurs et économes. En quatre ans, ils ont réussi à construire une chambre pour eux et quatre chambrettes pour les clients, avec vue sur mer. Tout est simple mais bien tenu. Ses clients sont des « routards », il est même présent sur l'Internet, un client l'a fait pour lui, mais il n'a jamais vu le site.


A 62 ans, il est toujours vert. Sa seconde épouse lui a donné une jolie petite fille, il y a deux ans. C'est le treizième enfant. Teint d'ébène et visage asiatique, il tire ses cheveux de jais en un catogan lisse. Son corps mince et sec a supporté le poids des expériences d'une vie rarement facile mais hors du commun. Sa douceur d'expression et sa philosophie sont communicatives. On se sent bien, on écoute le sage. De la population du village de pêcheurs, il ne dira qu'une seule phrase en parlant de ses voisins de village : les Lebous et Sereres (ethnies) : «Nous n'avons pas grand-chose à nous dire, nous ne conjuguons pas le même verbe». Dans l'état de dénuement dans lequel il se trouve, une chose le surclasse à ses yeux : la culture. Je ne vous dirai rien de plus. Voici ses coordonnées : 13°56N et 016°45W. Demandez Badou, le vietnamien.


Notre errance continue dans le village. Le festival d'odeurs fétides et de déchets est dans tous les sentiers qui entourent les groupes d'habitations. Catherine est attirée par une hutte où trône un moteur hors-bord. La tête de moteur est entièrement habillée d'une coiffe aux couleurs du Sénégal, façon sellier. Nous sommes chez le mécanicien du village. Mamadou est le propriétaire du moteur. Il a 33 ans. Son français est excellent, il a suivi une scolarité francophone jusqu'à 12 ans, mais l'âge avancé de son père l'a obligé à interrompre ses études et à gagner des CFA pour faire bouillir la marmite familiale.


Après quelques années comme pêcheur journalier, Mamadou a voulu être son propre patron. Il lui fallait une pirogue et un moteur. Coût du moteur = 1.200.000 CFA (12.000 FF ou 1.800€). C'est une somme énorme pour un simple citoyen sénégalais. Mamadou avait économisé 500.000 CFA, son père lui a avancé 200.000, son petit frère 5.000 et le groupement des femmes dont fait partie sa mère a avancé le reste. Mais une fois le moteur acquis, plus de sous pour construire la pirogue (500.000 CFA). Mamadou continue à travailler comme journalier en économisant sur tout. Deux années plus tard, il achète une pirogue de dix mètres et le moteur Yamaha trouve enfin son utilité. Chaque mois, Mamadou sépare ses gains en deux. Une partie pour le remboursement des dettes, l'autre pour lui. Depuis deux ans, la mer est moins généreuse. Espérons pour Mamadou qu'il ne se soit pas trompé de voie.


Visiblement, cela lui plaît de nous accompagner dans le campement des pêcheurs. Nous slalomons entre les claies de séchage des poissons. C'est le domaine des femmes. Il nous présente ses tantes, ses copines. Nous comprenons rapidement que tout un village de l'ouest de Mbour a émigré ici pour une session de pêche de trois mois. Même un groupe de vieux sages ont été emportés dans les bagages et devisent sur la plage sous un parasol de palmes.


«Salam Aleikoum». «Wa Aleikoum Salam» répond l'écho. Les sénégalais sont gais et rieurs. Les questions fusent dans les deux sens. Ils veulent savoir si l’on est français et de quelle région. Ils ont tous un frère, un cousin qui vit en France. La France est un pays ami et ils le connaissent bien.


Une femme bien ronde, assise et en train de saler du poisson, frappe les fesses de Catherine en demandant «Ça va là ?». Ngoulou-ngoulou est un grand sujet de conversation, qui déclenche immédiatement l'hilarité de l'assemblée.




Nous remontons le Siné Saloum sur 20 milles, en suivant la pirogue qui nous guide entre les filets à crevettes. Caramel s'immobilise en face d'un campement de Foundioune, village de 6500 âmes. C'est un autre petit pays. Ici les gens vivent de la culture du riz, du mil, d'arachides et de l'élevage. La plupart des activités sont extérieures. C'est marrant de regarder les menuisiers fabriquer des lits, des armoires au bord de la route, seuls les outils sont rangés dans le petit hangar. L'atelier de tôlerie est du même acabit. Il y a peu de touristes dans cette région et notre venue dans le marché des artisans ressemble à une nuée de mouche autour d'une cuillerée de miel. Les gens sont sympas et pas agressifs. Ambiance bon enfant.


Nous avons prévu une virée en pirogue pour notre dernière journée à Foundioune. Départ à 09h00. Le piroguier n'est pas là. Ca commence plutôt mal. Quinze minutes plus tard, il se pointe avec un copain qui porte le moteur hors-bord. « On est allé chercher des cigarettes. Maintenant, il faut aller chercher de l'essence. Tu ne pourrais pas nous avancer de l'argent ? » Bon … on avance. Arrivés ensemble à la pompe. Le pompiste nous déclare : « Pas d'électricité, donc pas d'essence  » Je vous passe les palabres vaines et inutiles sur l'utilisation d'une pompe à main, mais manifestement notre pompiste tenait à son standing. Notre visite aux oiseaux des mangroves s'est arrêtée là. Rontudjuûû !


Le retour sur Dakar se fait gentiment en slalomant au bon plein entre les casiers et les filets flottants. Caramel est à nouveau presque pris dans la nasse. Cela devient une habitude.


Ce soir 26 novembre, nos camarades équipiers de la transat arrivent à Dakar. Didier, Gaétan et Alain, quittent une Europe sous la neige (ils ont failli rater l'avion à cause de cela) pour atterrir dans la chaleur agréable d'une soirée dakaroise.


Il ne reste que quelques jours avant le départ des bateaux pour la transat. Philippe Bourgeat, l'organisateur du Rallye se fait piéger par la Shell au port de commerce. Ils ne veulent plus nous fournir de carburant. Après une journée de discussion, un accord se dessine avec Total et les premiers bateaux se présentent le lendemain matin pour faire le plein. C'est sans compter sur la "complexité" des relations locales. Résultat : tout est annulé. La règle d'or en Afrique (et ailleurs aussi) : ne pas se laisser acculer et montrer qu'on est dépendant. Nous voilà tous condamnés au bidonnage. Heureusement, les taxis dakarois sont nombreux et transporter des jerrycans ne les dérangent pas. Caramel a besoin de 350 litres. L'affaire est menée en trois heures grâce au travail de notre équipage.


Nous avons utilisé toute notre eau douce en lessive et rinçage du pont puisque nous devions refaire le plein au port de commerce. Il nous faudrait dessaler de l'eau de mer durant 20 heures pour refaire le plein d'une eau désagréable à boire. Nous tentons un coup : amarrer Caramel au plus près de la plage de la piscine du Teranga et depuis un robinet, tirer un tuyau assez long pour faire le plein directement dans le réservoir. Par 3 mètres de fond, nous nous positionnons à 30m devant un petit ponton. L'équipage s'anime dans tous les sens avec l'annexe et quatre longueurs de tuyaux empruntés aux bateaux copains. En 1 heure, 1000 litres rentrent dans le réservoir. Entretemps, le vent s'est levé et nous quittons ce mouillage scabreux avec soulagement.


Plus que l'avitaillement de vivres frais à faire demain et vendredi 02 décembre, nous relèverons l'ancre pour une nouvelle transat en direction du Brésil, pays de l'accueil, de la samba et de la caïpirinha.


Galerie de portraits sénégalais
















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Galerie de portraits de la bande à Caramel















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Salam Aleikoum les amis !


A Dakar, le 30 novembre devant la piscine du Teranga, sous le vol circulaire de centaines de rapaces noirs.


Crédit photos : Patrick, Catherine, Paul et Ariane 




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