Paludisme et Cie

Santé

L’ennemi public N°1 s’aiguise la trompe sur le roof de Caramel (ceci n’est pas une anophèle).

Saloperie de moustiques à Puerto Madero. La combi intégrale est l’arme absolue.

Futé le petit ventilo-diffuseur.

Smash on mosquitos !

Paludisme, bestioles et autres petits inconvénients

Le paludisme (ou malaria en anglais) est malheureusement encore une des grandes faucheuses de notre planète. C’est la 6ème cause de mortalité dans le monde depuis le début du 21ème siècle (2000-2019). Plus de 3 milliards de personnes sont exposées dont une petite moitié avec un risque plus élevé. Environ 249 millions ont été en crises régulières en 2022. 


Grâce à l'amélioration des techniques de prévention (vaccins) et de protection (moustiquaires et insecticides), la mortalité a baissé jusqu’en 2015 avant de stagner puis de remonter (surtout en Afrique - 95% des décès). Les chiffres restent vertigineux : environ 608.000 décès en 2022 dont 80% d’enfants. Voici les chiffres issus du rapport 2021 de l’OMS :


























On n'est jamais à l'abri, même bien informé. Certains se souviendront peut-être du pharmacien Gérard Pesty et son trimaran Architeuthis. Il nous avait fait rêver dans les années 70, au travers de ses récits édités chez Arthaud, narrant ses expéditions dans les grands deltas sud-américains. Il est mort en 1997 du paludisme, en croisière à Haïti.


L'ennemi public N° 1 est la famille des moustiques anophèle. Cinq espèces de cette famille sont les vecteurs des parasites Plasmodium (Falciparum, Vivax, Ovale, Malariae et Knowlesi) responsables du paludisme humain. Bizarrement, ce sont uniquement les femelles qui piquent et risquent de parasiter le sang de l'homme. Un homme porteur du parasite peut lui même se faire piquer par une anophèle saine. Celle-ci pourra ensuite essaimer les parasites en piquant d'autres hommes, etc.


La bestiole est sournoise :

  • Une seule piqûre d'une seule anophèle porteuse suffit.
  • Le vol de l'anophèle est silencieux.
  • Sa piqûre est indolore.
  • Elle ne pique que la nuit.

 

La Maladie

Daniel, un copain suisse, a contracté le palu au Venezuela (normalement réputée zone non à risque). Avant d'être soigné sur place, il a déliré pendant une semaine, puis déprimé sous forte fièvre, avant l'arrêt des accès. Un an plus tard, après une seconde crise en Suisse, il a été à nouveau soigné à Genève et ne craint en principe plus une nouvelle crise.


Sans médication, la pièce se joue en 3 actes :

  • Incubation : rien ne se passe durant les 7 à 21 jours qui suivent la piqûre, puis une première crise de fièvre (38°) accompagnée de troubles gastriques et digestifs.
  • Crises : elles durent de 6 à 8 heures, souvent tous les 2 jours. Une première attaque de frissons glacials, suivi par un accès de fièvre (40°) encadré d'un solide mal de tête, suivi de bouffées de sueurs annonçant la fin de la crise.
  • Evolution : disparition progressive des crises et atténuation des accès sur une période allant jusqu'à 3 semaines ou ... complication et risque mortel (accès pernicieux ou neuro-paludisme). Des crises restent possibles dans les mois ou les années qui suivent.


Je vous invite à lire le paragraphe "Cycle du Parasite chez l'humain" dans l'article de Wikipedia pour en savoir plus.


Le Traitement

La panoplie des médicaments de prévention permet également de contrecarrer la maladie (comme le LARIAM en dose élevée). Cependant un traitement sérieux, s'effectue en milieu hospitalier pour permettre le dépistage des complications qui peuvent être mortelles. Les médicaments préventifs n'assurent pas une garantie à 100 %. Toutes les recommandations vont dans le même sens : la prévention.


La Prévention

La prévention diminue le risque de 80 à 90%. Ce sont des gestes simples :


  • Porter des pantalons longs et des chemises à manches longues le soir.
  • Utiliser du répulsif de qualité sur la peau à base de DEET (= N-diethyl-3-methylbenzamide : CINQ SUR CINQ, INSECTECRAN PEAU) ou sans DEET mais avec de l’Eucalyptus : JAICO ou INSECTECRAN VEGETAL.
  • Utiliser du répulsif de qualité (base DEET) sur les vêtements (INSECTECRAN VETEMENTS).
  • Utiliser une moustiquaire au-dessus du lit et la border. Choisir le modèle imprégné en forme de boîte qui se place au dessus du lit et permet de bouger sans toucher la moustiquaire (large gamme chez CARE PLUS ou magasin de voyages).


Pour empêcher les bestioles d'entrer dans le bateau ou de nous piquer, nous avons quelques trucs :


Crazy TRUC : pour la grande aventure, j'ai même une salopette moustiquaire intégrale, protégeant tout le bonhomme. Utilisé seulement à quelques rares occasions (soirée alligators sur l'Orénoque ou attaque massive à Buenos Aires !). On a l'air d'un martien, c'est un peu chaud, ça fait peur aux enfants mais on est bien protégé.


The TRUC : pour faire très simplement des moustiquaires pour les panneaux de pont, il suffit d'acheter du tissu moustiquaire au mètre. Le découper en carré ou rectangle, après avoir testé s'il englobe bien le panneau ouvert. Ensuite faufiler un ourlet périphérique dans lequel on aura glissé une amarre plombée, ou une chaînette inox de 4 mm. Cela ne bouge pas et on peut même fermer et ouvrir le panneau de l'intérieur s'il pleut. On peut également les acheter tout fait chez SwiTEC.


Cheap TRUC : lors de notre premier périple de 6 semaines sur l'Amazone, nous avons simplement collé du tissu moustiquaire au Grey Tape, à l'extérieur des hublots ouvrants vers l'intérieur (vous avez suivi ?). C'est simple, c'est beaucoup moins cher que les moustiquaires de chez Lewmar ou Goïot, mais c'est un peu moche.


Fan TRUC : comme la moustiquaire freine sensiblement la circulation de l'air dans le bateau, un ventilateur est grandement apprécié (Hella, 12 ou 24V, inusable).


Anchor TRUC : pour les mouillages sur les fleuves, il faut rester à distance de la rive (50 m) et dans le courant. L'inverse est propice à l'invasion des moustiques (voir chapitre "Moustiques" à la page 7 dans Navigation sur les fleuves tropicaux sur ce site).


Pour éloigner les bestioles volantes, nous avons quelques armes :


  • Une plaquette imbibée et insérée dans un tout petit ventilateur sur pile. Discret et efficace (from France).
  • Des sprays de toutes marques (on en trouve absolument partout) qui sont les seules armes efficaces contre les bestioles.
  • Acheté au Brésil : un petit pulvérisateur à main, vendu avec un bidon de 5 litres d'insecticide … Pas encore testé. Masque obligatoire !
  • Les appareils à ultrasons sont inefficaces et les lampes néon bleues à électrocution vont rameuter tout ce qui vole vers le bateau.
  • La raquette de tennis électrique (photo ci-contre, en vente dans les bricos). Utilisable sur les insectes lents, mais on finit toujours par prendre une bonne douille dans les doigts. Pas écolo, seulement rigolo, consomme beaucoup de piles.


Et puis il y a les endroits comme sur le Siné Saloum au sud de Dakar ou sur l'Orénoque, où les bestioles sont tellement nombreuses qu'il faut se réfugier à l'intérieur dès 20h00, tous feux éteints, bateau fermé. Un grand coup de spray puis au lit sous la moustiquaire. Au milieu de la nuit, quand on suffoque, on ouvre un panneau de pont avant de replonger sous la moustiquaire. La journée, les moustiques fichent la paix en général. Ouf !


Les Zones à Risque


L'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a classé le monde en 3 zones de résistance aux médicaments. La carte ci-dessous est approximative. Sur le site du CDC (Center for Disease Control) vous trouverez les informations sur les risques actualisés par pays (en UK facile). Il faut donc s’y référer avant de rejoindre les zones à risque car la situation peut évoluer. Les médicaments à prendre seront fonction de la zone où vous irez. 


Bonne nouvelle pour les navigateurs, le Cap Vert a officiellement éradiqué le paludisme début 2024 (OMS).

Les petits plaisirs des régions à palu…

La Zone 3 est celle où les moustiques sont les plus costauds. La Chloroquine les fait marrer. Dans l'Atlantique, ce sera pour nous marins, le cas de l'Afrique sub-saharienne et de la côte NE du continent sud-américain, de Fortaleza (Brésil) au Vénézuela (inclus Amazone et Orénoque). C'est surtout vrai en rentrant dans les terres. Le risque est nettement moindre sur la côte.


La Zone 2, concerne essentiellement l'Inde, le Pakistan et l'Asie du Sud-est.


La Zone 1 (Afrique du Nord, Cap Vert, Grandes Antilles, Amérique centrale), on n'a rien pris, mais nous avons à bord une pharmacopée (LARIAM, MALARONE + autres) permettant de faire face à une éventuelle crise.


Comme vous le voyez, pour un tour de l'Atlantique en bateau, il y a aujourd'hui des risques presque partout... Mais rien ne sert de rester près de chez vous car le réchauffement climatique facilite la remontée géographique des anophèles et il est constaté dans les pays du sud de l’Europe la réapparition de ces bestioles et de quelques cas de paludisme.


Les Médicaments


Le premier médicament moderne a été le LARIAM (Méfloquine) dont le seul avantage est de se présenter en comprimés hebdomadaires. Pour le reste, il suffit de lire la notice pour se demander s'il n'est pas préférable de rester chez soi ou de contracter la maladie. Vous y verrez que les nombreux effets secondaires possibles rendent ce médicament incompatible pour certaines personnes.


Plus récent, la MALARONE (Atovaquone + Proguanil). Utilisé avec succès par une équipière sur l'Orénoque. Ce médicament n'a pas eu les effets secondaires causés chez elle par le LARIAM. Pour une première fois, il n'est donc pas idiot d'acheter les 2 médications et de les essayer avant d'arriver sur place. Théoriquement la prise de Malarone ne doit pas excéder 3 mois, ce qui donne tout de même 11 semaines sur la zone à risque.


Pour ceux qui ne supportent pas ces deux médicaments, il reste un traitement antibiotique (Doxycycline), ce qui n'est évidemment pas idéal pour l'organisme (sensibilisation au soleil >> pas d'exposition, difficultés digestives, diminution de la sensibilité aux antibiotiques). Catherine l'a utilisé sur l'Amazone.


Pour un long séjour, comme notre voyage sur l'Amazone, j'ai pris du LARIAM pendant 3 mois, puis pendant 6 semaines pour le périple Orénoque. Catherine a pris des antibiotiques durant 3 mois sur l'Amazone et de la MALARONE durant 6 semaines sur l'Orénoque. Bof ...


Une idée des coûts


En 2022, voici les coûts moyens des principaux médicaments hors remboursements éventuels par la sécurité sociale (possible de les trouver moins cher) :


Lariam : 30€ pour 8 comprimés, soit 30€ pour un séjour de 3 semaines sur place (8 comprimés).


Malarone : 31€ pour 12 comprimés, soit 93€ pour un séjour de 3 semaines sur place (29 comprimés). Il en restera…


Doxycycline générique : 4€/15 comp. 100mg. soit 16€ pour un séjour de 3 semaines sur place (50 comp.). Si prescription médicale.


Pour l'achat des médicaments, il est prudent de s'en faire un stock en Europe ou avant d'arriver sur place. Mais pour information, il est possible de s'en procurer à bon prix à Dakar (pharmacie «Dakaroise» sur la place de l'Indépendance) et le LARIAM est vendu au 1/3 du prix européen à Trinidad (West Mall). Cette remarque est d'ailleurs générale, au Brésil nous avons racheté des antibiotiques de marque (dans une pharmacie), à prix bien inférieur à celui pratiqué en Europe par le même fabricant. Les pharmaciens ne nous ont pas demandé de prescription et semblent compétents pour la prévention dans leur région.


Il faut se soigner rapidement si le paludisme se déclare. C'est une affaire de spécialiste, mais sachez qu'il existe maintenant un suppositoire à base d'artésunate, un antipaludéen dérivé d'une plante chinoise, l'artémise. Un seul suppositoire fait chuter de 60% la quantité de parasites en 12 heures. Existe aussi en comprimés. Il est peut-être utile d'en avoir, en attendant de pouvoir consulter un médecin. Lire toutefois l'alinéa "Début 2011" juste ci-dessous.


Les avancées


Octobre 2002 : un espoir existe pour les 2 milliards de personnes dans le monde exposées au risque du paludisme : le génome du parasite (plasmodium falciparum) a été décodé par des équipes de chercheurs occidentaux et les résultats ont été publiés. Ce n'est que le début d'une autre longue recherche pour essayer de trouver un vaccin contre ce fléau. On parle d'un délai de 10 à 15 ans.


Mars 2007 : une date clé pour les millions de personnes soumises aux crises de paludisme dans les pays du tiers monde : l'ASAQ est disponible (voir aussi MSF). C'est un médicament qui combine artésunate et amodiaquine en posologie simple. Mis au point par le laboratoire Sanofi-Aventis, ce produit n'est pas breveté et le traitement est d'un prix très abordable et de qualité. Voir aussi le dossier Suppositoire Artemisine de l’OMS (doc PDF).


Avril 2008 : non brevetée, l'ASMQ (artésunate + méfloquine) est proposé aux structures publiques des pays endémiques à prix coûtant, soit au prix cible de 2,50 USD pour le traitement complet d’un adulte.  Ce nouveau traitement sera proposé aux patients – enfants et adultes – dans toute l’Amérique latine et l’Asie du Sud-Est dans le courant des années 2008 et 2009. Soutenus par DNDi, Farmanguinhos et le fabricant de génériques indien Cipla ont conclu un accord de principe sur un transfert de technologie, ce qui permettra aux patients d’Asie du Sud-est de disposer d’un fabricant local.  Mais début 2010, les informations sur la diffusion de ce médicament sont rarissimes. QUID ?


Fin 2009 : les études pour la production d'un vaccin diminuant notoirement la contraction du paludisme continue son lent cheminement. GlaxoSmithKline, avec le soutien de Malaria Vaccine Initiative Path, étudie la question depuis plus de 20 ans, la seconde phase de tests s'est achevée après 10 ans d'essais. Une troisième phase va démarrer simultanément dans plusieurs pays d'Afrique et concernera 16.000 enfants. Ce vaccin concerne d'ailleurs principalement les enfants en dessous de 5 ans. Cette dernière phase devrait durer près de trois ans et la disponibilité du vaccin est espérée vers 2014. L'action de ce vaccin est orientée vers une lutte contre les parasites présents dans le corps. Les projets à plus long terme consistent à empêcher la transmission de la maladie à l'Homme. Objectif 2025 ...


Fin 2009, autre : une découverte intéressante et surprenante nous vient de l'Imperial College de Londres. Le dr. F.Catteruccia a publié le 22/12/2009 dans la revue PlosBiology ses recherches sur le scellement du sperme chez l'anophèle femelle. (Transglutaminase-Mediated Semen Coagulation Controls Sperm Storage in the Malaria Mosquito). C’est très technique. On y apprend qu'une fois le sperme du mâle transféré dans la femelle, celui-ci dépose une substance coagulante qui va former un bouchon évitant au sperme de s'évacuer et empêchant tout autre prétendant de dispenser son précieux liquide séminal. En prévenant la formation de ce "bouchon d'accouplement", la femelle devient infertile. Et la population des anophèles diminue considérablement entrainant dans sa chute la contamination du parasite à l'homme. Evident mon cher Watson !


Début 2011 : les médicaments les plus récents à base d’artémisinine (voir alinéas 2007 et 2008 juste ci-dessus) commencent déjà à rencontrer une forme de résistance. Le parasite est décidément très adaptatif. C’est le jeu du chat et de la souris, version biologie meurtrière. 


Fin 2011 : le même GlaxoSmithKline publie les résultats de la phase 3 (voir 1er alinéa «Fin 2009» ci-dessus), la dernière avant l’enregistrement du premier vaccin contre le paludisme prévu pour fin 2012. Le principe du vaccin est de simuler de façon bénigne l’attaque du parasite chez l’enfant afin que son système immunitaire se développe face à une agression future du véritable plasmodium.

Les résultats du vaccin donné à des enfants de 5 à 17 mois montrent que le risque de présenter un épisode de malaria clinique est réduit de 56%, celui d’une crise sévère est réduit de 47%. Ceci durant l’année qui suit l’injection du vaccin. Malheureusement, les résultats tombent à 35% de diminution, 12 mois après l’inoculation du vaccin. Des essais sont en cours pour voir si le vaccin donné à des enfants âgés de 5 à 12 semaines ne permettrait pas une amélioration de la protection.

Une protection à seulement 50% ? Oui, mais en chiffres absolus, c’est potentiellement la moitié des 230 millions de personnes atteintes dans le monde qui est concernée, même s’il est trop tard pour ceux-ci car le vaccin vise essentiellement les enfants, cible préférée de la morbidité. On parle ici de plusieurs centaines de milliers de petites vies épargnées.

Ce vaccin ne sera disponible que pour les enfants habitant les zones géographiquement exposées au paludisme (il n’est d’aucune utilité pour les voyageurs). GSK sera capable de produire des millions de doses (à prendre en 3 ou 4 prises), mais ces chiffres restent modestes par rapport aux besoins. Le vaccin de GSK sera vendu quasi à prix coûtant, mais celui-ci n’est pas encore fixé. Et puisque vous lisez ces lignes sur un support informatique, probablement géré par Windows, sachez que la Fondation Gates (celle de Bill et Melinda) apporte une contribution importante à ce vaccin contre le paludisme. Dites-vous que vous y participez un peu … Cette fois, j’ai un peu honte avec mon iMac et la radinerie de feu Steve Jobs.


2019 : le vaccin RTS,S de GSK est le premier vaccins démontrant une protection partielle sur les enfants. Une campagne de vaccination est prévue dans certaines régions de trois pays sub-sahariens (Ghana, Kénya, Malawi). Toutefois, la protection de ce vaccin ne dépasse pas 40% et même 30% pour la forme la plus mortelle de la maladie.


2021 : si le vaccin RTS,S de GSK est actuellement le meilleur, de nouveaux espoirs naissent avec la mise au point d’un nouveau vaccin développé conjointement par l’Université d’Oxford et l’Unité de recherche clinique Nanoro au Burkina Faso : le R21/Matrix-M. Sa protection atteint une efficacité de 77% pendant une an d’après les premiers essais cliniques sur 450 enfants. Ce taux d’efficacité permet d’entrevoir une éradication de la maladie si les phases de test suivantes se passent bien. L’OMS espère une commercialisation vers 2025. Il est malheureusement clair que la lutte contre le paludisme est entravée dans beaucoup de pays concernés par la pandémie de la Covid-19.

L’ARNm (ARN messager) est une technique portée avec fracas aux oreilles du grand public lors de la pandémie Covid-19. Toutefois celle-ci ne se limite pas au champ des coronavirus. En 2021, un laboratoire de l’Université de Yale (USA) a breveté une technologie ARNm adaptée au développement d’un vaccin contre le paludisme


D’après l’OMS, le taux d’incidence dans les populations soumises au risque paludéen est passé de 80 cas/1000 personnes en 2000 à 57 cas/1000 personnes en 2019. La lutte est lente, mais on progresse.


Fin 2021 :

Le RTS,S ou Mosquirix est maintenant recommandé par l’OMS pour les enfants entre 6 et 24 mois afin de lutter contre les effets du parasite Psalmodium falciparum. Il est administré en 4 doses.

Les essais cliniques à grande échelle ont montré une prévention de 40 % de l’infection et une diminution de 30% de la mortalité des enfants infectés. Il faut noter que ce vaccin a été développé pour la souche africaine du Psalmodium et non sur celle qui prévaut en Asie.


2022 :

La structure cristalline de la toxine Bin AB bombardée par un nouveau type de laser à électrons libres (pulses de rayons X ultra courts) semble promettre une extension de son efficacité sur les larves de moustiques. Déjà efficace sur les moustiques Anophèles (Paludisme) et Culex (Filiarose), cette toxine modifiée permettrait également de lutter contre les larves du moustique Aedes (Zika, Dengue, Chikungunya) qui cause également des ravages.


Le montant total des recherches sur un vaccin est estimé à ce jour à 1 milliard de dollars sur les 30 dernières années.


Septembre 2022 :

Les 450 enfants ayant reçu un rappel du vaccin R21/Matrix-M testé en phase 1 (voir 2021 ci-dessus) ont montré une efficacité constatée de 80%.

L’essai clinique phase 2 sur près de 4800 enfants dans quatre pays africains s’est achevée et les résultats seront publiés dans les mois à venir. Il pourrait dès lors obtenir la recommandation de l’OMS que seul possède actuellement le vaccin RTS,S de GSK. A terme, le R21 devrait dépasser l’efficacité du RTS,S. Objectifs : diminuer drastiquement les décès en 2030 (-70% ?) et éradiquer la maladie en 2040 si toutefois les pays où sévit le paludisme peuvent financer les campagnes de vaccination.


Avril 2023 :

Le Ghana valide l’utilisation du vaccin antipaludique R21/Matrix-M (développé par Oxford University et fabriqué par Serum Institute of India) pour une utilisation sur toute sa population enfantine de 5 à 36 mois. Avec une efficacité avérée de 77%, son action est estimée entre 24 et 36 mois. Facile à produire, son coût est faible et il pourrait être utilisé à grande échelle en Afrique. Toutefois, il cible une seule souche, ce qui nécessitera des adaptations dans le temps pour préserver son efficacité. Rappelons que 80% des décès en Afrique concernent les enfants de moins de 5 ans.


Août 2023 :

En réalité, ce moustique est lui-même porteur du parasite Plasmodium dans son tube digestif sans en être incommodé. Une équipe chercheur internationaux et GSK ont découverts qu’une petite bactérie «D.Tsuruhantenses TC1» produit une molécule nommée «Harmane» inhiber le développement du Plasmodium Falciparum jusqu’à 75%. Cette bactérie à l’agréable propriété de rejoindre le tube digestif de l’insecte par ingestion mais aussi par migration depuis sa «peau». ouvrant la voie à une prévention complémentaire via imprégnation sur les moustiquaires. En la mélangeant avec de l’eau sucrée, on crée un appât/piège où se nourrissent les insectes. Bref, on ne les tue pas, on les décontamine. L’harmane est présente naturellement dans de nombreuses plantes et mammifères. Reste à étudier plus avant les effets négatifs possibles sur les insecte pollinisateurs notamment. Bémol, c’est un traitement inhibiteur sur les insectes vivants, il faut le maintenir en permanence pour décontaminer les générations d’insectes suivantes. 


L'origine de la maladie aux Amériques (surtout Sud…)


Une étude du PNAS (Proceedings of the National Academy od Sciences of the USA) avance l'hypothèse de l'introduction du parasite Plasmodium Falciparum sur le continent américain via le trafic négrier entre le XVIème et le XIXème siècle.


En effet, les caractéristiques génétiques du parasite présent aux Amériques sont plus proches de celles du parasite africain actuel que du parasite asiatique actuel. Par ailleurs, les deux groupes génétiques présents aujourd'hui en Afrique de l'Ouest sont présents aux Amériques (essentiellement latine et sud).


Un autre parasite (Psalmodium Vivax), moins ravageur était présent à l'époque précolombienne comme le montre l'analyse de momies. Les accès de fièvre étaient contrés avec de l'écorce de Quinquina, ont rapporté les premiers missionnaires de la conquête espagnole.


La conquête du continent par le Psalmodium Falciparum n'aurait que quelques siècles et son développement a été rapide vu la densité et la reproduction rapide des moustiques anophèles.


Le génome du parasite sud-américain actuel pourrait aussi porter certaines marques asiatiques qui pourraient être expliquées par le "Coolie trade" (milieu du 19ème siècle), transfert de 150.000 hommes de peine asiatiques vers les plantations du Pérou.


La génétique promet une remontée plus lointaine dans l'histoire du parasite. Il semble bien que l'origine du parasite se trouve chez les grands singes africains. Sa migration est ensuite passée par les petits singes, les primates puis enfin vers l'homme.


A suivre ...


Toutes les informations données ici sont le fruit de notre expérience et de nos recherches documentaires. Il ne FAUT PAS les prendre pour un mode d'emploi. Vous devez vous informer personnellement et SEUL UN MEDECIN spécialisé est habilité à vous conseiller formellement.


Voici 3 sites pour en apprendre plus et de façon compréhensive sur le sujet :


Implantation moustique Tigre en France en juin 2023. Doc.Vigilance Moustiques

La Dengue


Pour en terminer avec le chapitre des moustiques, il faut encore citer la dengue, transmise par un autre type de moustique (Aedes, le même que celui de la fièvre jaune). Une grosse tueuse également avec 20.000 morts/an et entre 60 et 100 millions de personnes touchées.


Deux de nos camarades l'ont contracté sur l'Amazone. Etat fébrile, grippal et abattu durant plusieurs jours, Il convient de ne JAMAIS donner d'Aspirine contre-indiquée, mais prendre du Paracétamol. 


Il n’existe pas de vaccin recommandé et la principale action vise la prévention via des campagnes d’affichage souvent visibles dans les pays tropicaux. Mais pas seulement puisque depuis quelques années avec le réchauffement climatique, l’Aedes (et son copain le Tigre) remonte dans l’Hexagone depuis sa façade sud. En 2022, ce moustique se balade sur les ¾ sud de la France… Suivez sa progression sur Vigilance Moustique.


Je vous invite à vous documenter plus avant via le site de la Santé Publique Française

Je deviens incollable à la chasse aux bestioles.

Le joli Cafard


Seulement dérangeant, peu ragoûtant mais inoffensif, le cafard est un hôte qui arrive sur nos bateaux sans y être convié. Pour cet insecte nocturne, tous les moyens sont bons. A Salvador de Bahia, ils grouillent sous les pontons et montent à bord en cheminant de nuit sur ... les amarres. Observez votre premier cafard écrasé, vous verrez qu'il a également une paire d'ailes ... mais je n'en ai jamais vu voler. Sa réputation est plutôt de trop parler ...


Ils se planquent, invisibles dans l'épaisseur des caisses de carton. Ils adorent la touffe des ananas, la poussière des pommes de terre, l'espace entre les feuilles de salade, entre les premières peaux des oignons ou le régime de bananes.


La meilleure technique est de les empêcher de monter à bord. Donc, pas de caisses en carton sur le bateau, on coupe les touffes d'ananas avant de les embarquer et tous les fruits et légumes sont plongés à l'arrière du bateau dans une grande bassine remplie d'une solution de permanganate de potassium (en vente en sachet chez le pharmacien en Europe). Une fois soigneusement lavés, les fruits et légumes sont essuyés et rangés.


Les cafards arrivent petits et grandissent à bord à une vitesse surprenante, on les voit se balader la nuit d'un pas rapide et courageux. La fécondité des lapins est ridicule à côté de la leur. Alors comme nous ne sommes pas à l'abri de cafards francs-tireurs, nous avons disposé dans le bateau une vingtaine de petites boîtes noires remplies d'une substance qui les stérilise (vendues par 4 ou 6 dans toutes les superettes de la ceinture tropicale).


Un autre système pour les mettre hors service, est la boite de carton dont la base est enduite de colle. Au centre de la surface encollée, il y a un appât. Les avantages de ce système sont qu'il est écologique et que vous voyez ce que vous capturez. C'est motivant !


Piège à blattes écologique

et 100% biodégradables (en grandes surfaces).


Nous avons eu deux mini-invasions, et nous nous en sommes débarrassés en deux semaines à l'aide des boîtes et d'un spray adéquat pulvérisé partout dans les coffres du bateau. 

Matt Chem Protect Cable : un répulsif contre les rongeur pour protéger les câbles et les mousses du bord.

Le Rat des Tropiques


Plus grosses bestioles : les rats. Quand ils ne vous refilent pas la leptospirose (fréquent sur l'Amazone), ils peuvent provoquer de gros dégâts dans le bateau (avitaillement, câbles électriques). Il faut absolument s'en débarrasser au plus vite.


Ils ne montent à bord en général au port et de nuit, par les amarres ou en sautant du quai sur le bateau. Mais un bateau ami en a récupéré un au mouillage à plus de 100 m de la rive. Ils l'ont abattu à la machette dans la jupe arrière ... Gloups !


En cas de risque (partout sur l'Amazone et conseillé ailleurs au Brésil), il faut mettre sur les amarres des bouteilles plastiques d'1,5 L fendues sur leur hauteur, cela devrait les empêcher de passer. En revanche, pas de solution à couple du quai. Garder toutes les issues bien fermées, ce qui est torride sous les tropiques.


J'avais donc acheté avant de partir deux tapettes à souris. Le modèle français est un peu ridicule vu la taille du rat que nous avons hébergé quelques jours à Almerim (Amazone). Le modèle brésilien en ferraille dentée est plus carnassier.


Notre rat est reparti seul vers les quais, sans dégâts apparents. Heureusement, car circuler la nuit dans le bateau entre les pièges se comparait à une promenade dans un champs de mines ! Plusieurs bateaux ont eu leur rat. Nos pièges ont servi avec succès à d'autres.


En Sardaigne, le long d'un quai désaffecté, un rat que je suppose de belle taille est passé nuitamment par le hublot de la cuisine. Il a soigneusement rongé le saucisson sec acheté la veille avant d'uriner et de crotter, tout en repartant sur le pont avec un bloc de parmesan. Difficile de détacher l'urine de rat sur la housse de la banquette ... Moralité, les moustiquaires peuvent servir à autre chose qu'aux moustiques.


Pour ce prédateur non désiré, vous pourriez tenter le répulsif  en spray Matt Chem Protect Cable, sans odeur et non dangereux. Le principe est actif pendant 6 mois.

La Leptospirose


Je reviens une seconde sur la leptospirose. Cette maladie bactérienne (spirochete) est mortelle dans 3 à 5 % des cas. Il existe une forme assez foudroyante qui a ôté la vie à une navigatrice en Polynésie (2004 - Raïatea). J'ai lu cette information dans une revue nautique française. Elle avait consommé des boissons directement à la boite. Il s'est avéré après coup que les dessus des boites étaient pollués par de l'urine porteuse de la bactérie (rat, chien, chat ?).


Malgré une apparence propre, il ne faut jamais oublier que les boîtes sont des emballages qui peuvent être souillés facilement dans les lieux de stockage, surtout dans les contrées exotiques. Souvent au Brésil, vous verrez les consommateurs frotter méticuleusement le dessus de la boite avec une serviette de papier avant de l'ouvrir. La consommation de la boisson dans un verre limite aussi les risques, à moins que le verre lui-même ...


La bonne nouvelle est qu'il existe un vaccin contre cette maladie : SPIROLEPT (2 injections à 15 jours et un rappel entre 4 et 6 mois. Ensuite tous les 2 ans). Sur ordonnance et pas d'effets secondaires majeurs à redouter.


La mauvaise nouvelle, c'est que c'est assez cher. Les égoutiers de Paris sont tous vaccinés. Mais Benoit, mon copain toubib, m'a tout de même expliqué que le risque à notre niveau était bien plus faible. A moins de tirer des bords dans un océan de m… 

Un joli boa vert en train de roupiller au-dessus de nous.

Un spécimen d’anaconda tué d’un coup de machette sur l’Amazone par les Bombeiros à côté de Caramel.

Les Serpents


A terre et sous les tropiques, on s'en méfie. C'est une réaction naturelle. Mais il faut aussi avoir un œil sur les branches. En dinghy, dans les furos amazoniens, un joli boa vert peut être assoupi en spirale au-dessus de vous. Ce n'est pas nécessairement dangereux mais la rencontre est emplie de respect.


Je ne me suis jamais senti à l'aise dans l'Amazone après que notre ami Vincent ait découvert un serpent de plus d'un mètre roupillant dans la jupe arrière de son Lévrier des Mers … au mouillage. Un serpent nage très bien. Nous l'avons bien observé dans le port communal de Salvador de Bahia, à côté de Caramel et sur le rio Tapajos (Amazone) : à 300 m de la rive, un gros boa traversait énergiquement vers l'autre rive distante d'au moins 1000 m.


Les îles flottantes sur les fleuves tropicaux sont un habitat naturel pour les petits serpents. J'y vais donc y jardiner avec circonspection.


Les reptiles ne sont pas tous venimeux et ont surtout une vie nocturne active, ce qui est normalement l'inverse de la nôtre.


Les promenades en forêt nous verront plutôt équipés de pantalons longs et de chaussures de marche montante, malgré la température.


Vous l'avez bien senti, je n'ai pas une passion pour les bestioles sans pattes.


Pour apprendre sur ce sujet et bien d'autres, faites-vous offrir « Survivre en milieu hostile » du Dr. Xavier Maniguet chez Albin Michel ( 512  pages - ISBN : 222603255X - EAN : 9782226032553) . C'est un must, c'est passionnant et on découvre plein de choses sur le corps humain. 

Le Mancenillier


Le mancenillier est un petit arbre que l'on trouve sous l'équateur et les tropiques (Brésil, Trinidad, Venezuela). Les plus hauts que nous ayons vus s'élèvent à 6 m. Ils portent des feuilles vertes de taille moyenne et des fruits qui ressemblent à de petites pommes vertes.


Il ne faut pas consommer ces petites pommes, elles contiennent une certaine teneur en acide prussique. Les feuilles suent également un liquide très acide. Ne pas s'abriter sous cet arbre en cas de pluie, sous peine d'avoir de graves brûlures.


Un copain, pourtant vétérinaire, a voulu goûter légèrement une petite pomme. Il s'en est mordu la langue ! Maintenant, il zézaye ... 

Carte de la présence de ciguatera en 2022.

Doc. Inst. Louis Malardé

Conclusion provisoire


Enfin, vous lirez dans la littérature spécialisée, qu'il ne faut jamais marcher pieds nus dans le sable, infesté par le larva migrans (parasites des crottes de chiens qui séjournent dans le sable), ni se baigner dans les eaux douces au risque de se faire parasiter de bilharziose. Toutefois si vous en réchappez, la ciguatera (chair de poisson toxique) vous guette sur la ceinture tropicale pour bloquer le système respiratoire avant de provoquer un arrêt cardiaque.


C'est pour cette raison que sur Caramel, nous partons toujours en promenade avec des bottes et une combinaison de plongée. Quant aux repas c'est essentiellement du thon en boîte …

Bon voyage ! 

Dernière mise à jour de l’article : février 2024

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