Navigation de nuit

Soleil en hémisphère sud.

En route pour le delta de l’Amazone.

Dernier coucher de soleil portoricain à Mayaguez avant la traversée du passage de Mona.

Coucher de soleil aux Testigos dans l’axe du cockpit… C’est l’heure de l’apéro.

Navigation

Dakar est derrière, le cap est au SW, sur Salvador de Bahia – Brésil. Il est 18 heures, la lumière devient glauque, l'après-midi a déjà été sinistre, écrasée par le plafond bas. La pluie incessante n'améliore pas la visibilité. Sur notre travers tribord, les éclairs zèbrent le ciel sous un grain. Difficile de faire plus noir que ce grain là. La nuit risque d'être animée. On ne se bouscule pas dans le cockpit, pourtant protégé par sa capote. Bizarre cette envie générale de cuisiner, je sens qu'ils ne vont pas jouer les prolongations ce soir.


On range les coussins de cockpit à l'abri de l'humidité, Un dernier tour d'horizon avant l'obscurité. Rien en vue, comme d'habitude. Sur le pont tout est clair, les lignes de traîne sont remontées. Pas question de jouer les équilibristes de nuit sur la plage arrière.


C'est la 3ème nuit en mer, nous ne sommes pas encore bien acclimatés au rythme des quarts, que nous prenons de manière fixe toutes les nuits. Comme tous les soirs, nous préparons le même fourbi :


  • Allumage des feux de navigation.
  • Branchement du puissant spot LED sur la prise de cockpit. Pour voir vraiment très loin ou se signaler.
  • Sortie de la lampe LED rechargeable pour intervenir sur le bateau de façon plus locale et sans fil.
  • Sortie de la petite lampe frontale avec des LED blancs pour la lecture éventuelle du roman en cours.
  • Sortie son smartphone avec un choix éclectique de musique ou de podcasts.
  • Sortie des jumelles. Des 7 x 50 lumineuses sont réellement utiles de nuit, notamment pour mieux déchiffrer les feux des navires éloignés ou observer la pleine lune.
  • On enfile un teeshirt.
  • Les cirés, les gilets gonflables et harnais sont à la descente.
  • Le paquet de biscuits est à la barre.
  • Un gros Thermos d'eau chaude est calé dans l'évier pour un thé, une tisane ou une soupe minute, suivant la température.
  • Le carré est rangé pour que rien ne tombe ou ne couine durant la nuit.
  • Les batteries sont rechargées durant le repas du soir.
  • Une météo est captée en fin de journée, histoire de voir si quelque chose se prépare. En transat aller, c'est assez inutile, par contre pour le retour …
  • Les instruments sont éclairés sur le mode nuit ou sur l'éclairement faible.
  • L’alarme de l'AIS est activée afin de détecter bien en avance la route d'un cargo qui approche. Le radar n'est allumé que sur demande ou dans une zone côtière où zigzaguent pirogues ou petits bateaux de pêche.
  • Toutes les 20 minutes, le veilleur fait DEUX tours d'horizon, surtout lorsque l'on est dans une zone animée, je pense particulièrement aux pirogues ou petits bateaux de pêche (Maroc, Sénégal, Brésil, Guyane), invisibles au radar et peu ou pas éclairés. Les zones trafiquées par les cargos sont plus faciles, car ils sont bien visibles à l'AIS. Le détroit de Gibraltar est tout de même assez hot de nuit …
  • Les voiles de portant non enroulables (spi ou genaker) sont en général rangées, à moins d'avoir un temps stable et d'être nombreux à bord. Durant la dernière transat en Atlantique nord, un genaker roulé sur son emagasineur s’est brutalement déroulé suite à une rupture. Ceci évidemment à 01:00 par une nuit noire, au près avec 25 noeuds de vent sur une mer hachée… Souvenir transi.
  • Interdiction de sortir du cockpit à moins d'être attaché à la ligne de vie, surtout si l'on est seul à la veille.
  • Les pipis se font sur le trône à l'intérieur durant les quarts de nuit.


Si contrairement à cette nuit de transat de décembre 2001, la nuit est claire et le temps calme, c'est le moment d'observer les étoiles et le reflet de la lune sur les vagues, à moins que les dauphins ne viennent vous distraire par votre travers.


La tablette du bord ou votre smartphone peuvent aussi vous divertir en vous apprenant à découvrir le nom des étoiles, grâce aux nombreux logiciels de vulgarisation astronomique. Mais j'aime aussi passer une partie de mon temps de quart (en général 00H à 03H) à compter les étoiles filantes. Ce sont presque des amies et à force de passer des nuits en mer à les observer, on finit par avoir la chance de tomber sur des poussières magiques qui font des traînées de longue durée. 


Dernière mise à jour de l’article : décembre 2019

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