Cela faisait quelques années que je lorgnais sur cette lunette. J'avais déjà eu la possibilité d'utiliser des lunettes de vision nocturne de troisième génération, un modèle militaire avec lequel j'avais conduit ma voiture dans l'obscurité de la campagne. Facile, presque comme en plein jour.
J'ai craqué quelques mois avant de repartir en voyage avec Caramel en 2006, pour un modèle BUSHNELL remplacé aujourd’hui par des modèles similaires.
Principe de fonctionnement des lunettes de vision de nuit
Le principe de fonctionnement est le même que pour des jumelles, si ce n'est qu'il est intercalé entre la lentille de vision et l'oculaire de visée, un tube photosensible (alimenté par les piles) qui amplifie la lumière de l'image visée. Ce tube étant monochromatique, l'image est noire et sépia, c'est normal.
Il existe des lunettes monoculaires et des lunettes binoculaires (nettement plus chères) de vision de nuit. C'est ce dernier type qui équipe les militaires. Ils bénéficient également de la dernière génération de tubes photosensibles (actuellement on en est à la 4 ème génération). La troisième génération est déjà formidable. Seules les 1ères et 2èmes générations sont disponibles au grand public. Les lunettes de première génération tournent aux alentour de 200€. Les prix des appareils de seconde génération sont nettement plus chers, généralement plis de 2.000€ (prix 2020).
Il faut un minimum de lumière pour faire fonctionner le système. La lune, les lumières artificielles du voisinage qui éclairent même faiblement les objets sont suffisantes pour avoir une image à amplifier. Dans le noir absolu, il n'y a rien à amplifier. Il faut bien comprendre ceci pour éviter d'être déçu par ce type d'instrument.
Présentation du modèle BUSHNELL
L'appareil a le volume de 4 paquets de cigarettes. C'est une lunette monoculaire. (on n'y regarde que d'un œil). D'une bonne finition, le boitier en matière plastique bleue semble solide et est étanche aux projections.
Sous le boitier, on trouve un pas de visse pour poser l'appareil sur un trépied photo et l'accès au logement des 2 piles AA.
La tenue en main de l'appareil est très bonne et assurée par une sangle de maintien. Elle est étudiée pour les droitiers et non pour les gauchers.
Un bouchon protège la lentille de vision qui est d'une taille imposante. Ce bouchon est équipé d'un hublot fumé qui permet le test de l'appareil de jour. L'oculaire de visée est réglable, de même que la mise au point sur la grosse lentille de vision.
Deux boutons d'allumage se trouvent sur le dessus du boitier, juste sous les doigts. Deux témoins de ces boutons sont à côté de l'oculaire de visée.
Un bouton commande l'allumage de l'appareil, l'autre celui du projecteur infrarouge qui se trouve sur la face avant, à coté de la lentille de vision.
La visée est grossissante : x 2,5 et la luminosité du système est de 42. C'est un appareil de la première génération qui est fabriqué en Russie. Une housse de rangement est livrée.
Essai
L'utilisation est simple : introduire les 2 piles, allumer l'appareil et régler la mise au point. Attention à ne pas l'allumer en plein jour sans avoir mis le bouchon de protection, vous risquez de griller le récepteur photosensible.
L'appareil est réglé et il fait nuit. Par pleine lune, la vision est bonne. Des essais au mouillage m'ont permis dans ces conditions de voir nettement les annexes qui passaient autour du bateau et même de reconnaître le visage des gens à 40 m. La distance maximum d'une image utilisable est une centaine de mètres. Au-delà c'est trop sombre. Plus l'objet visé est clair, mieux il sera perçu par l'appareil. Cela paraît normal.
Sous la lumière des étoiles seules, ce n'est pas vraiment utilisable. Dans ces conditions ou dans le noir absolu, il faut utiliser le projecteur infra rouge intégré. L'efficacité est saisissante. C'est comme un projecteur braqué sur le sujet observé. Bien entendu, tout autre œil humain ne perçoit rien. La portée utile du projecteur IR est de maximum 40 m.
Il est possible de lire le nom d'une bouée par nuit noire, par exemple. Mais pour ce faire, vous pourriez également utiliser un projecteur normal et une paire de jumelles …
Le gros défaut vient de la grande distorsion de l'image. Seul le centre est net, les contours sont inutilisables. Les essais de réglage sur la mise au point n'y changent rien.
L'appareil est alimenté par 2 piles AA. Si les piles restent dans l'appareil une fois rangé, elles se déchargent rapidement. Il faut donc les ôter après chaque utilisation. C'est un autre défaut.
Conclusions sur ce produit
J’avais acheté cet appareil pour une aide de nuit aux entrées de port ou de mouillage. C'est très peu efficace.
L'autre usage auquel je le destinais, était la surveillance de sécurité autour du bateau. Ce système est valable dans un rayon de 40 m par nuit noire, un peu plus par nuit de lune. Dans certains mouillages du Venezuela ou des Antilles, c'est peut-être utile. Le repérage nocturne d’un homme à la mer serait aussi une belle application.
Mais la qualité de vision de cet instrument BUSHNELL laisse à désirer. Un bateau ami a acheté un modèle américain aux USA (également de la 1ère génération). Il n'a pas les défauts de celui-ci. A voir dans le catalogue West Marine. Une recherche sur le Net permet de voir le choix disponible en Europe mais avant d’acheter, il faut absolument tester.
Evolution
Il existe une application nettement plus marine à la caméra vision de nuit, c’est la caméra thermique. Le constructeur FLIR (USA) propose une gamme de caméras marines compactes et orientables en plus de lunettes portables. Il s’agit ici de matériel haut de gamme avec des prix du même niveau. Ces caméras affichent les images sur une série de plotters Raymarine. Pas nécessairement facile à installer sur un voilier, mais les images produites sont étonnantes surtout quand l’AIS indique sur l’image l’identification et la distance d’un autre bateau. On est dans la «réalité augmentée», on entre dans le «video game». J’aime aussi la vraie réalité et l’apprentissage du sens marin…