La baie de tous les Saints offre beaucoup de points de chute pour celui qui vient de traverser l’Atlantique et qui souhaite faire un peu de croisière farniente au pays de la samba. Après s’être gorgé des festivités de la ville avant Noël, début janvier est la bonne période pour prendre la voile d’escampette et musarder dans les recoins de la baie.
Les grands classiques sont l’île d’Itaparica, la fontaine do Toro sur l’île de Matarandiba, l’île Bom Jésus et la remontée du rio Paraguaçu.
Si les bras du rio permettent aux dériveurs intégraux des explorations hardies, les quillards resteront prudents, car il n’y a pas que de la vase au fond. Un peu de caillasse traîne de ci de là.
La remontée du rio Paraguaçu offre plusieurs mouillages: devant la plage de l’embouchure, autour des îles do Monte Cristo et do Francês, devant la ville de Maragojipe, etc…. Le plus somptueux mouillage est probablement celui qui fait face au Monastère de San Francisco, surtout au coucher du soleil.
Un des les plus originaux est celui du village de Santiago do Iguape. Problème, en amont du Monastère, la carte indique «zona não hidrografada», ce que tout le monde comprendra aisément.
Une route de 14 waypoints qui permettent d’y accéder. Elle a été relevée par un bateau anglais (c’est ce qu’on m’a dit), nous l’avons suivie et c’est l’objet de cet article.
Approches
La traversée de la baie de pose pas de problème, on évitera seulement les Coroa Pedras et Coroa Nova un peu avant l’embouchure. Ces bancs sont marqués par des bouées. L’entrée du rio s’embouque du NE vers le SO.
Il est ensuite possible de remonter le rio par sa voie centrale, ou de prendre la voie buissonnière en contournant la charmante ilha do Monte Cristo par l’est.
La navigation est facile et vous rencontrerez probablement quelques saveiros, ces chalands à voile typiques de la baie.
Juste avant l’ilha do Francês, on choisit de partir à gauche vers Maragojipe ou tout droit vers le monastère de San Francisco qui offre un excellent mouillage pour la nuit.
Remontée dans la zone non hydrographiée
En amont de ce mouillage, les cartes sont muettes. Pas de soucis, grâce à votre GPS, il suffit d’encoder les WP ci-dessous. Ils s’afficheront probablement sur une carte blanche, mais l’essentiel est de suivre la ligne droite entre ces points. Pas moins de 4 m d’eau à marée basse, ce qui permet à tous les bateaux de passer.
Voici ce que cela donne vu de l’espace :
Loys m’a fait suivre une route .kml (Google Earth) qui est intéressante car elle a poussé un peu plus loin que le village de Santiago sur le rio. Elle indique un mouillage qui m’a l’air bien sympathique. Le voici en images :
Le village a été fondé en 1561 par les Pères jésuites et l’église typiquement brésilienne de style baroque tardif a été bâtie en 1608. L’étymologie du lieu est amusante. Santiago signifie Saint Jacques et nous vient des Jésuites portugais. Iguape est un mot indien qui signifie «au bord de l’eau». Comme souvent au Brésil, les deux cultures se mélangent.
Cette bâtisse se découvre lentement au détour du dernier méandre de la route. La simplicité de l’environnement et du village est sans rapport avec cette grande construction religieuse.
Autre curiosité, le village cultive des huîtres depuis quelques années. Produit de la mer à peu près inconnu au Brésil. Elles sont cuites et mises en boîte, mais il est possible de les acheter fraîches et de les manger comme en Bretagne.
Les autres activités locales sont la pêche sur le rio et un peu de culture de noix de caju.
Le village s’ouvre doucement au tourisme et il est possible d’y loger, de faire des ballades à pied ou à cheval. Il est possible faire un peu d’avitaillement sur place (fruits-légumes-épicerie) et bien entendu du poisson frais.
La place du village (Praça da Matriz) doit toujours accueillir une pousada où vous pourrez faire vivre le commerce local et goûter les huîtres du cru.
Fin décembre 2008, Caramel s’est retrouvé avec une dizaine de bateaux de passage devant l’église. Jamais le village n’avait accueilli autant de bateaux. Tout le monde s’est retrouvé à la pousada pour un réveillon de Nouvel An très sympa.
Je vous recommande absolument de jeter votre pioche dans cet endroit hors du temps qui n’est qu’à quelques heures de navigation de Salvador.
Un grand merci à Daniel de Xiphos de m’avoir permis de découvrir ces lieux qui m’étaient inaccessibles depuis longtemps.