Bienvenue aux Roquès et son vieux phare hollandais. Passage obligé par la case «TAXES».
Le palais de justice de Nassau. Joli mais à éviter si possible…
L’US Navy en exercice aux USVI : interdiction d’approcher à moins de 300m. Pneumatique d’intervention 24/24.
Navigation
Heureux plaisancier européen, tu ne te rends même pas compte de la facilité qui t'est offerte de naviguer sur des milliers de kilomètres de côtes sans devoir remplir le moindre formulaire, sans t'inquiéter de l'humeur du gabelou que tu dois rencontrer ou de l'heure à partir de laquelle tu devras payer une surtaxe pour déclaration hors heures de bureau … Pour toute l'Europe, y compris Madère et les Canaries, c'est parfait.
A partir du Maroc, on commence gentiment à tamponner : police, douane, immigration, port sont un minimum. Dans les pays les plus pauvres, on adjoint la santé et parfois même un contrôle vétérinaire. D'autres copains de passage à Cuba ont vu les officiels vétérinaires prélever des insectes qui contemplaient l'assemblée dans le cockpit.
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Vous savez certainement que chaque pays a des ports d'entrée officiels, il faut d'abord faire escale dans l'un d'eux. Certains de ces ports sont mieux organisés pour la plaisance. En général les ports de commerce sont à éviter au profit de petites structures plutôt fréquentées par la plaisance. Les plaisanciers de rencontre et les guides nautiques pourront vous aider.
La plupart du temps, dans les pays fort fréquentés par la plaisance et surtout dans les marinas, les services se regroupent dans un périmètre suffisamment étroit pour tout faire à pied, mais il en est beaucoup d'autres où les bureaux sont disséminés aux quatre coins de la ville. C'est le signal de procédures compliquées, parfois identiques pour la plaisance et la marine marchande. A ce moment, il vaut mieux renoncer car des locaux malins et entreprenants (agents douanes, agents tourisme, marinas, particuliers) prennent les choses en mains et s'occupent de vos papiers pour un montant en dollars généralement très raisonnable.
Chaque chose ayant son contraire, le corollaire des papiers d'entrée sont les papiers de sortie (clearance, zarpe, etc…). A l'entrée du pays voisin, le fonctionnaire attend que vous lui montriez vos papiers de sortie avant de vous délivrer vos papiers d'entrée. Bon échange de services, car à chacune de ces procédures l'officiel percevra des taxes (c'est comme chez nous) : frais de timbre, taxe de séjour, permis de navigation, permis de pêche, …
Certains plaisanciers (... français) omettent parfois de faire leur clearance en quittant une île pour retourner sur un DOM, où il semble qu'on ne leur demande rien. Je n'ai jamais tenté le coup, comme dit plus haut, je préfère être en règle et me balader l'esprit tranquille. Pour des raisons géographiques, nous n'avons pas fait de sortie des Bahamas, car ils s'en fichent (on paie tout à l'entrée) et que les USA ne demandent pas les papiers de sortie.
Raisons géographiques, dis-je. Car malheureusement tout n'est pas toujours simple. Le dernier port de sortie est peut-être bien éloigné des dernières escales que vous aimeriez faire dans le pays. C'est le cas des Aves, îles sauvages au nord-ouest du Venezuela qui n'ont pas de bureaux et qui sont sur la route des îles néerlandaises ABC. Il se trouve ainsi des endroits peu visités, car ils sont simplement en dehors du sillage … administratif. Mais le coup de la panne de moteur est toujours d'actualité …
Vous avez fait votre entrée dans le pays. Votre séjour est limité à un certain nombre de mois, éventuellement renouvelable, mais ce n'est pas pour cela que vous pouvez naviguer n'importe où. Au Brésil, vous devez faire une entrée et une sortie chaque fois que vous changez d'Etat (cad de département). Au Venezuela, vous devez faire une entrée et une sortie chaque fois que vous faites escale dans un port principal, mais vous avez le temps de vous arrêter entre ceux-ci (mouillages). A Cuba, vous n'avez pas le droit de vous arrêter : un contrôle à chaque arrêt et il faut donner sa destination (qui peut-être refusée) à chaque départ. Bullshit !
Je me suis bien énervé en République Dominicaine, après 3 jours au mouillage à Samana. Amenée par un youyou local, une affable dame de je ne sais quelle administration monte à bord, pour divers contrôles. Elle termine son job en me demandant 25$ par nuit pour jeter mon ancre dans la baie (rouleuse). Elle a été bien reçue, c'est fou ce que parle bien espagnol quand je m'énerve. Après une tirade sur « Trop d'impôt tue l'impôt », on a finalement transigé à 25$ pour 5 nuits et je l'ai reconduite à terre avec notre annexe. Dans ce pays, tout se négocie. Ne pas essayer avec les officiels de Trinidad par exemple …
Globalement, les mini-états de l'arc antillais sont bien organisés, vu la fréquentation très importante de la plaisance. Idem pour les Iles vierges, les Bahamas et Trinidad, même s'il faut faire une clearance pour aller à Tobago.
Les USA font comme d'habitude : une réglementation précise, lourde avec des fonctionnaires qui ne connaissent que le règlement appliqué à la lettre, des amendes à frémir. Pour rappel, il FAUT un VISA B2 (Crew Member Visa) préalablement à votre arrivée (et non une procédure ESTA) pour les USVI, Puerto Rico et USA avant de toucher ces territoires. Chaque année une série de plaisanciers oublient cette obligation et sont priés de déguerpir dans les 24 heures. Voici le flyer d’info trouvé sur le site de l’Ambassade US en France en janvier 2020 qui décrit le Visa.
ATTENTION : la réglementation américaine en matière de visas est évolutive. Une information avant votre arrivée est indispensable.
Depuis les attentats de septembre 2001, la procédure d'obtention du VISA B2 est plus lourde (entretien payant - examen de dossier) et demande plusieurs semaines de délai. A part les USA, peu de pays réclament encore des visas préalables sur un parcours Atlantique. Toutefois le passeport doit être encore suffisamment « frais » (être valable plus de 6 mois).
Octobre 2015 - infos d'Olivier M.: concernant les visas US, il est possible de le faire établir à Trinidad. Voici un lien vers l'ambassade US en France qui décrit la procédure à suivre (janvier 2020 : le lien ne fonctionne plus). Nous l'avons suivie sans trop de difficultés sauf remarques ci-après :
- la photo nous a posé problème. Il y a un outil de calibrage dans l'appli, nous avons essayé sans succès d'y faire rentrer des photos prises pour notre passeport. Finalement nous avons repris de nouvelles photos et après tâtonnements avec réussi à passer.
- il faut fournir une adresse de résidence, nous avons donné celle d'un YC aux US Virgin Islands, n'importe quelle autre adresse aurait fait l'affaire
- il faut aussi fournir les coordonnées d'un correspondant.
Il s'est passé 3 semaines entre le début de la saisie des données et l'interview au consulat puis une semaine pour la délivrance du visa. Ce qui fait un petit mois en tout.
Mai 2011 : il semblerait qu'une astuce fonctionne si vous n'avez pas de visa touristique américain. En remontant les Antilles, arrêtez-vous aux BVI's (Iles Vierges Britanniques). Faites un aller-retour vers les USVI's voisines (Iles Vierges US). Il vous sera délivré un visa touristique de 3 mois avec lequel vous pourrez ensuite vous rendre sur votre bateau vers les territoires américains (USVI's, Puerto Rico, Etats-Unis). A vérifier ...
Il est à présent obligatoire de prévenir les US Coast Guards ou l'autorité portuaire, 96 heures avant son arrivée sur un territoire US. Ceci est souvent impossible à mettre en œuvre. Par contre il ne faut pas attendre et téléphoner immédiatement à l'immigration pour signaler son arrivée dès que l'ancre est jetée ou les amarres tournées. La régularisation dans leur bureau se fera plus tard.
J'aime les USA, mais la mentalité est parfois gonflante. Méfiez-vous, si vous allez de Cuba sur les Bahamas, les Coast Guards peuvent vous arraisonner dans les eaux internationales (qu'ils estiment à eux), et vous détourner vers un port US. Ou fouiller votre bateau en mer. Sur le chemin inverse, si vous quittez la Floride en direction de Cuba sur votre voilier battant pavillon français (par exemple), vous devez demander une autorisation à je ne sais quelle administration, sous peine de vous faire arraisonner lors d'un contrôle en mer. Bullshit again. La région Floride-Cuba est décidément compliquée et on n'est pas là pour se prendre la tête.
Retour d’expérience de voileux à l'arrivée aux USA
Caramel passe le dernier pont des Intracoastal Waterways de Fort Lauderdale, ensuite la mer et les Bermudes. Rien oublié ?
Bateau et équipage hollandais
« Je vous rapporte ce que nos amis Hollandais viennent de m'écrire concernant leur visa US :
La Hollande fait partie du Visa Waiver Program comme la France. Ils ont obtenu chez eux en 2007 un Visa Touriste Type R, Classe B1/B2, pour 10 ans, ayant prouvé qu'ils étaient indépendants financièrement.
Ils devaient se présenter à l'immigration tous les 6 mois pour avoir un nouveau permis I-94 mais lorsqu'ils sont entrés aux USA en octobre 2007, les douanes leur ont validé leur I-94 jusqu'au 30 juin 2008 (ils vont repartir avant cette date) et ils n'ont pas eu à se présenter à l'Immigration de New York où ils ont passé l'hiver.
Ils ont aussi obtenu une "ship cruising licence" pour une durée de une année. »
Bateau et équipage français
« Pour un français, la procédure administrative impose d'abord d'avoir un visa américain sur son passeport, visa que l'on peut obtenir à Paris, ou dans une autre ambassade. Ensuite, quand on arrive dans un port américain, il faut demander la "Cruising Licence" que l'on nous donne pour 6 mois en général (pour $37), parfois un an.
La procédure est d'abord de téléphoner au Customs (douane et police) en donnant toutes les coordonnées des personnes et du bateau. Ils fixent un rendez-vous et on va les voir. Là, ils donnent les papiers.
Dans notre cas, ça s'est passé à San Juan, Porto Rico. Il n'y a pas besoin de visa pour naviguer dans les Vierges américaines mais il faut faire sa "clearance". Ensuite, quand on change de port, il suffit de téléphoner aux Customs en donnant son numéro de Cruising Licence pour que la Clearance soit faite. C'est ce que nous avons fait en arrivant à Miami, il n'y a pas eu besoin de se déplacer pour remplir des papiers ou payer quoi que ce soit.
Les conversations téléphoniques sont parfois difficiles car ils parlent souvent un anglais rapide, avec des accents redoutables. Il ne faut donc pas avoir peur de les faire répéter. Ils sont gentils en général. »
Quelque soit le pays, les officiels n'ont absolument aucun humour et il est vivement déconseillé de blaguer durant les entretiens. Aux USA, il y a des exemples de types qui on été en prison quelques jours pour avoir répondu par oui en se marrant, à la question idiote « Etes-vous un terroriste ?» (copilote Air France pourtant …).
On n'est d'ailleurs pas là pour se marrer, mais rendre l'entretien le plus court possible, donc je ne dis rien, je tends mes papiers et je réponds succinctement aux questions. Je me présente rasé, propre, sans lunettes solaires, vêtu de frais et avec tous mes papiers prêts dans la serviette officielle du bord.
Les choses peuvent se compliquer si l’on a des armes sont à bord. A Trinidad, j'avais devant moi, une dame américaine âgée qui montrait au fonctionnaire où se trouvait les numéros de série de son pistolet automatique et de sa carabine à canon court 15 coups … Certains pays les acceptent à bord, d'autres les confisquent avant de les rendre à la sortie du territoire. Mais si les armes ne sont plus à bord lors des mouillages côtiers, il n'y a pas de raison d'en posséder. D'autre part le port de sortie est rarement le même que le port d'entrée … Nous n'avons pas d'armes (voir chapitre sur le sujet).
Certains pays sont chatouilleux sur le matériel de plongée autonome (Grèce et Turquie), il faut se renseigner avant d'y aller. Il est parfois interdit d'avoir sur le bateau du matériel de chasse sous-marine ET des bouteilles de plongées, de pêcher sans permis, de pêcher la langouste, etc…
Comme toujours, on peut prendre certains risques, car il faut être contrôlé pour être pris et les contrôles sur les bateaux sont assez rares.