Humpback whale ou baleine à bosse à Samana (République Dominicaine) croisée avec un petit baleineau en 2002.
Absolument merveilleux, le lent plongeon de la baleine à bosse (Photo S.Roux - Péninsule Antarctique).
Baleine à bosse car elle cambre énormément sons dos en plongeant ce qui apparait en surface comme une… bosse (Photo S.Roux - Péninsule Antarctique).
Directions d’approche et distances de sécurité à respecter pour observer une baleine.
On voit bien ici le double évent de la baleine à bosse (Photo S.Roux - Péninsule Antarctique).
Mers et vents
Jolie aquarelle d’une baleine à bosse créée pour vous par Copilot IA………..
Ce petit article n’est que le récit de mes rencontres avec les cétacés. Il existe un tas de livres et de sites sur le sujet. Vous trouverez quelques liens en bas de page.
Le navigateur qui parcourt les océans rencontrera forcément de temps en temps un de ces géants des mers. C’est souvent un grand moment d’émotion et parfois un petit moment de frayeur.
Durant mes périples, si j’ai vu plusieurs espèces de delphinidés, il me semble n’avoir jamais rencontré qu’une deux espèces de baleine : la baleine à bosse en Atlantique et Antarctique et le rorqual commun en Méditerranée.
Le rorqual commun
Rorqual commun comme on peut le voir depuis le cockpit d’un bateau.
Les rorquals communs (voire les cachalots) se rencontrent assez facilement lors d’une traversée continent > Corse ou en mer de Ligurie en pointant sur l’île d’Elbe.
Traversées réalisées en général au printemps et en été, ce sont les périodes qui correspondent à la meilleure fréquentation des cétacés dans ces eaux. En hiver, ils migrent plus au sud.
C’est un grand animal mysticète (jusqu’à 22m et 70 tonnes) qui ne se nourrit que de plancton animal (krill ou zooplancton) qu’il filtre au travers de ses fanons.
Je me souviens bien de ma première rencontre avec cette baleine : en quittant Antibes en direction de Calvi, à une dizaine de milles au large, une odeur pestilentielle nous a fait lever la tête pour tenter d’en apercevoir l’origine. Un ballot improbable flottait à la surface à quelques centaines de mètres. Je me déviais suffisamment pour enfin distinguer une… vache à la panse dilatée et en pleine décomposition. Sans vent - nous étions au moteur - j’accélérais pour échapper à ces miasmes et reprendre la route sur Calvi. Juste après avoir stabilisé le cap au pilote automatique, je me retrouvais l’étrave face à deux rorquals nageant paisiblement vers moi. Je coupais le moteur, reprenais la barre et m’écartais sur mon erre de la trajectoire des cétacés. Sous les deux bouts de crâne émergeants, deux énormes corps ondulaient sous la surface de l’eau cristalline. Je flippais un peu, mais chacun chez soi, elles m’ont ignoré et j’ai rejoint Calvi.
Une rencontre fortuite, discrète mais que je visualise encore très bien mentalement trente ans plus tard.
La baleine à bosse
J’ai croisé beaucoup plus de baleines à bosse (ou jubartes) dans mes zigzagodromies atlantiques. Entre les Bermudes et les Açores, entre les Açores et Gibraltar, le long du Brésil, en République Dominicaine (Samana bay) et surtout en Antarctique, elles sont bien présentes et c’est souvent spectaculaire.
Le clou du spectacle est bien entendu le saut de la baleine quasiment hors de l’eau, mais l’élégance de sa nageoire caudale lorsqu’elle plonge est déjà une merveille de la nature. Malheureusement, ces exhibitions ne sont pas fréquentes. Je ne les ai rencontrées qu’à Samana et surtout en Antarctique.
Mes amis navigateurs indiquent des rencontres fréquentes dans le Golfe Nuevo face à Puerto Madryn (au sud de la Péninsule Valdès en Argentine).
La baleine à bosse est un beau bébé d’une quinzaine de mètres pour 30 tonnes. Elle est caractérisée par deux gigantesques nageoires pectorales de plusieurs mètres (d’où le nom mégaptère) et d’une largue queue. Comme le rorqual commun, c’est une espèce mysticète (à fanons) qui se nourrit de krill dans les régions polaires antarctiques et de petits poissons en bancs dans les régions polaires arctiques.
Comment les apercevoir ?
Essentiellement par le jet d’eau et d’air qui fuse au-dessus de leur évent lorsqu’elles expirent. Ce spray (voir image dans la marge de gauche) est repérable d’assez loin. La forme de ce spray peut donner une indication sur son espèce. Le rorqual commun à un jet assez cylindrique et vertical, celui d’une baleine à bosse est vertical mais plus évasé sur le dessus. Ceci est observable sans vent…
Avec un peu de chance, vous pourrez les apercevoir lorsqu’elles plongent en souvenant la queue et avec beaucoup de chance lors de parade nuptiale en sautant hors de l’eau.
Je ne résiste pas à vous proposer un rush de quelques secondes d’un splendide saut de baleine à bosse que j’ai vu en janvier 2024 dans la péninsule antarctique.
La parade nuptiale, voire la technique de pêche dans certaines régions, peut amener ces grands cétacés à battre des nageoires pectorales ou caudales sur la surface de l’eau. Ce n’est pas discret et cela vous permettra de les repérer également.
(Photo S.Roux - Péninsule antarctique)
Je rappelle que les cétacés sont des mammifères qui ne s’oxygènent pas sous l’eau. Il est nécessaire qu’ils viennent respirer en surface avant de replonger en apnée. Le temps d’apnée est variable suivant l’espèce et l’âge. Un juvénile remontra nettement plus souvent que sa mère et on aura plus de chances de l’apercevoir à intervalles réguliers.
Quelle attitude adopter près des baleines ?
Contrairement aux orques, les baleines ne sont pas dangereuses, mais elles sont précieuses et il est important de ne pas les importuner.
Si ce sont elles qui approchent votre bateau pour curiosité, continuez votre route sous voiles en prenant soin de les éviter. Si vous avancez au moteur, essayez de garder au minimum une centaine de mètres de distance avec elles.
Si vous décidez de les approcher sciemment, vous pouvez ralentir voire vous arrêter en gardant toujours au minimum la centaine de mètres de distance de rigueur.
Il existe une charte internationale qui indique les limites d’approche d’une baleine. Elle est suivie par toutes les agences de «whales watching». Vous devez vous en inspirer (voir dans la marge de gauche). Par ailleurs, certains pays ont légiféré et vous risquez de fortes amendes en cas de non respect.
Au large, on ne viendra pas vous contrôler, mais ayez vous-même du respect pour ces nobles mammifères qui ont été massacrés par l’homme il n’y a pas si longtemps et qui se repeuplent lentement. Dans la marge de gauche, un dessin vous indique les distances à respecter. Le drone volant n’est pas autorisé pour observer la baleine, le drone sous-marin encore moins.
Conclusion
Ce chapitre sans prétention m’a fait revivre quelques images magnifiques de mes rencontres avec les cétacés. Plusieurs espèces ont failli disparaître suite à la chasse insensée de l’humain. Ils ne sont plus chassés que très rarement à ce jour par quelques pays irréductibles.
Toutefois leur avenir n’est pas assuré car les industries agroalimentaire et pharmaceutique s’intéressent maintenant au krill, ce zooplancton qui constitue une formidable réserve d’huile et de protéine. Il est susceptible d’être pêché en quantité industrielle.
Par ailleurs, la montée de la température des océans modifie la circulation des sédiments dont se nourrit le zooplancton. On ne sait actuellement pas où cela nous mène.
L’acidification des océans complique la création des coquilles calcaires de certaines espèces de zooplancton qui ne peuvent vivre sans.
Mes lectures sur le sujet ne sont pas franchement réjouissantes. Mais terminons par une note qu’on dira positive : un genre de curiosité mutuelle pourrait bien exister entre les cétacés et nous, j’en tiens pour preuve la facilité avec laquelle certaines baleines se laissent approcher par les nageurs. Dans plusieurs endroits du monde, il est possible d’accompagner des professionnels pour nager avec elles. Mon petit-fils a eu la chance de le faire récemment à l’île Maurice en compagnie d’un cachalot. Voici un bout de film de cette belle expérience. En rentrant, il m’a confié avoir eu un peu peur…