Voyage 2005 - 2007

de Caramel

CHAPITRE 06 : BUENOS AIRES (ARGENTINE) - … ?


Caramel est pimpant. Gustavo a veillé sur lui cet hiver. Son pont et ses inox ont été nettoyés et il profite du soleil printanier pour me montrer son éclat. Depuis quelques semaines, il trône dans un nouvel emplacement royal destiné aux bateaux de 18 mètres. La place de mon ami Carlos était un peu trop étriquée et la proue dépassait de deux mètres les pieux d'amarrage avant. Ici durant l'hiver, les bateaux ne bougent pas, mais les beaux jours revenus, la direction de la marina a préféré dégager ce sans-gêne de Caramel, avec l'accord de Carlos.


Je suis arrivé seul, Catherine traîne depuis plusieurs mois un problème à l'épaule et a dû se faire opérer. Le bras droit est immobilisé pour plusieurs semaines et la rééducation prendra plusieurs mois. Cette étape est prévue entre hommes depuis longtemps, mais je sais qu'elle est triste d'être seule et inquiète de nous voir partir.



Le Yacht Club voisin dispose d'un travelift (portique roulant équipé de sangles pour sortir le bateau de l'eau). Je reprends contact avec eux pour voir si ma réservation est bien enregistrée. Bien m'en prend, car j'avais été oublié. L'affaire est réglée, Caramel sortira mardi prochain, car lundi est férié. C'est la fête des « Races », entendez races humaines. Un comble dans un pays qui a occis d'une façon ou d'une autre la quasi-totalité des habitants précolombiens.


Va pour mardi. «Je vous donnerai l'heure du grutage par e-mail ce soir» me dit Gustavo (un autre Gustavo, prénom fréquent par ici). Le lendemain, pas de nouvelles. Je me repointe au Yacht Club pour apprendre que Gustavo est parti en WE prolongé à la montagne et qu'il n'y a pas de place sur le terre-plein. Rontudjûûû ! Je négocie âprement avec Fernando pour qu'il accepte de trouver une solution. Nous sortirons bien mardi en fin de matinée.


Lundi matin arrive Gaétan, un équipier de deux transats qui commence à bien connaître Caramel. Nous arrivons mardi à l'heure dite devant le travelift. Les conducteurs de manœuvre me font des grands signes en croisant leurs bras au-dessus de leur tête. Je fais semblant de ne pas comprendre … Arrive Gustavo descendu de ses montagnes  : «La seule place de libre est occupée pour la journée par une grue qui installe un nouveau moteur dans un bateau. Je vais vous donner un amarrage de courtoisie pour la nuit». Rontudjûûû again.


Cependant, cette nouvelle halte impromptue portera ses fruits. Le mâtereau de l'éolienne à l'arrière de Caramel ne permet pas au travelift de 20 tonnes de se dégager, une fois Caramel posé sur le sol. Notre hauteur totale dépasse la hauteur libre. Il nous faudrait alors utiliser le travelift de 70 tonnes. Si le petit engin est d'un prix modeste, celui du gros engin est prohibitif. Nous mettons l'après-midi à profit en démontant le mâtereau, ce qui se fait finalement sans problème.


Mercredi à 13 heures, Caramel est enlacé par les sangles et sort lentement de l'eau du Rio. L'eau douce a le pouvoir magique de tuer toutes les bestioles marines qui poussent habituellement sur une coque baignant dans l'eau de mer. Durant tout le stationnement d'hiver, seules quelques plaques de mousse verte ont cru.


Le lavage haute pression décape rapidement tout ceci et ôte une grosse partie de l'ancienne peinture anti salissures (antifouling). Le calage se fait avec des fûts de 200 litres, des troncs d'arbre et des coins de bois. Pas de problème, l'équipe de levage est qualifiée et très expérimentée.


Le chantier attaque dans l'heure le ponçage de la coque puis le lendemain, les deux couches de peinture anti salissures. Pendant ce temps, Gaétan et moi, nous nous attelons au polish de la coque et au remplacement d'une pièce d'usure de l'arbre d'hélice. L'équipe de peinture est sympa et consciencieuse. Nous essayons de l'être tout autant.




Sur les quais du Yacht Club, l'ambiance est très active. Des dizaines de bateaux sont en chantier. Réhabilitations, peintures, réparations. Tous les corps de métiers s'affairent. Nos voisins directs sont un gros voilier en acier dont on découpe de grandes plaques de la coque et un vieux croiseur à moteur tout en bois en réfection complète. C'est lui qui recevait hier un nouveau moteur. Les argentins aiment les beaux bateaux et les entretiennent bien. Les peintures sont des laques brillantes et immaculées gardées en l'état par de nombreux lavages hebdomadaires et polissages pluriannuels. La main d'œuvre est très abordable pour les gens nantis du pays et chaque bateau de plus de 12 m a son marinero attitré !


Le Yacht Club est le centre du monde régatier argentin. Une flopée de voiliers de haut niveau sont sur les quais, assis sur des bers à mesure. De 8 à 18m, ils sont construits dans la région de San Fernando où nous sommes. Rien à envier aux constructions du vieux monde. Martin Billoch est architecte naval. Il a un bureau et un chantier dans l'enceinte du Yacht Club. De formation internationale, il a construit de beaux racers. Il me montre les plans de sa prochaine réalisation : une luge de 17 m tout en carbone avec une quille tandem équipée d'une dérive sabre (pour les initiés) qui fera parler d'elle. Curieux, je me promène dans les chantiers. Je questionne et tout le monde prend le temps de me répondre aimablement, même si régulièrement mon espagnol est insuffisant pour comprendre du premier coup.




Nous prenons nos quartiers dans un petit hôtel situé à 300 m du Yacht Club, car il est interdit de dormir dans un bateau à terre. Dans la salle à manger, la TV est allumée en permanence. Nous suivons les aventures de la dépouille du dictateur populiste Juan Perón. Elle est déplacée pour la troisième fois. Il a toujours beaucoup d'admirateurs dans le pays. Ceux-ci ont profané sa dernière tombe dans la capitale en lui amputant les pieds et les mains. Jolies reliques. Cette fois, il reposera en sécurité dans sa maison de San Vincente transformée en mausolée. L'arrivée du cercueil dans cette ville a provoqué une véritable bataille rangée, non pas entre partisans et opposants, mais en franges rivales de partisans. Étonnant tout de même pour un Président du début des années 50, ramené brièvement au pouvoir en 1973, telle une icône mourante. Nous sommes en Amérique latine, la politique est souvent un sujet brûlant.


Tout avance sur des roulettes et vendredi midi Caramel est prêt pour la mise à l'eau : smoking noir, chemise blanche et nœud papillon orange. Le Yacht Club nous fournit un autre amarrage de courtoisie, histoire d'avoir le temps de remonter le mâtereau de l'éolienne et le haubanage arrière. Beaucoup de courtoisie me direz-vous. Oui et de plus, les prix pratiqués ici sont de l'ordre du quart de ceux pratiqués en France …


Samedi matin, Caramel quitte sa place ombragée par un eucalyptus géant et décorée par une sorte d'azalée arborescente sans feuilles, mais couverte de fleurs fuchsia. Nous remontons plusieurs rios vers le nord avant de redescendre vers Buenos Aires au terme de 30 milles de navigation fluviale. Détour obligé, vous vous en souviendrez, par le tirant d'eau du bateau.


Dans le chenal de la Plata, nous déroulons les voiles pour qu'elles prennent l'air, pour régater mollement avec quelques voiliers et pour nous faire plaisir. Le timing est parfait – c'est le hasard – nous arrivons à la minute près pour le pont de 15 heures qui nous ouvre le chemin de Puerto Madero au centre de Buenos Aires.




Leandro, le fils de Carlos nous a réservé une place. Caramel est reçu chaleureusement et voisine avec nos copains finlandais et suédois de « Satumaa », d'un voilier norvégien et d'un autre estonien.


Les Estoniens sont de grands fêtards, ils écument les bars et les filles de la ville. Les Norvégiens préparent consciencieusement leur bateau (Bavaria 41) à une descente vers la Géorgie du Sud, île toute britannique de 150 km de long située à 2000 km d'Ushuaia en plein Atlantique sud. Elle a le mérite d'offrir de beaux mouillages protégés et l'immense défaut d'être dans un courant d'air d'ouest permanent, rendant très ardue la remontée vers Ushuaia. Mais ce n'est pas là que se rend directement notre jeune voisin norvégien au prénom imprononçable. Il ira en Antarctique avant de remonter sur Ushuaia. Programme très ambitieux pour marin averti et courageux.


Les Estoniens vont à Ushuaia, mais ne préparent rien, trop occupés à faire la fête. Satumaa partira également en Terre de feu début décembre, mais tout est déjà prêt sur ce bateau robuste et bien mené.


Sur Caramel, tout est pratiquement prêt, mais nous n'allons plus dans le Sud et nous ne faisons plus le tour de notre planète. Je sens ici que nos amis lecteurs marquent un temps d'arrêt et relisent la phrase que je viens d'écrire !


Cette année en Europe, certaines choses ont changé. Essentiellement le décès de parents tant pour Catherine que pour moi. Sans ouvrir le jardin secret de nos vies privées, disons qu'il y a certaines valeurs auxquelles nous tenons : une présence de proximité pour les parents âgés, le sentiment d'un devoir à accomplir, de décisions à prendre dont on ne peut sortir que grandi. C'est aussi ne pas laisser à ceux qui restent à terre – frère ou sœur –, les tâches à accomplir alors que nous nous promenons sous les tropiques pendant quelques années.


Une fois passé dans le Pacifique, il serait difficile de revenir régulièrement en Europe. De plus, la marche arrière est impossible, il faut faire le tour. C'était donc le moment ou jamais de se poser les bonnes questions et d'en trouver les réponses. Après y avoir longuement réfléchi, le choix à faire m'est naturellement apparu. Ceci met en lumière la fragilité des projets à long terme.


En revenant sur Caramel, j'ai soigneusement préparé la navigation vers Ushuaia, pensant juste y descendre, traîner en Terre de Feu, puis remonter à Buenos Aires. L'analyse réaliste de la navigation a fait rapidement apparaître les éléments clés : 3000 milles (5500km) de voyage aller-retour dans une mer difficile, pratiquement sans abris. Tout cela pour se retrouver à la case départ : Buenos Aires.


La route du Grand Sud était cohérente à partir du moment où nous passions dans le Pacifique, elle l'est moins pour faire un aller-retour. Ajouté au fait que la motivation n'était plus la même, j'ai envisagé un changement de programme en dernière minute. Mes équipiers ont été sympas. «Va pour le Brésil, mais je dois acheter des tee-shirts et des tongs» me dit Gaétan, les sacs bourrés de vêtements polaires. Daniel qui n'est pas encore arrivé modifie sérieusement le contenu de son sac de marin. Ils sont évidemment frustrés, mais ils n'ont pas navigué au Brésil et je compte bien sûr ce pays pour me faire pardonner.


Après un voyage en Antarctique annulé en 1998 et ce changement de programme, je crois que le Grand Sud n'a pas envie de me voir. En tout cas pour l'instant.


Que le lecteur ne soit pas déçu. Il faut bien relativiser les choses. Combien d'entrevous ne seraient pas très heureux de réaliser le voyage que nous faisons ? Et pour nous c'est le second avec un programme d’escales différent …










Daniel arrive peu de temps après notre installation à Puerto Madero. Avec Gaétan, il profite des quelques jours avant le départ pour faire du tourisme urbain et goûter à la gastronomie carnée du pays.


Novembre est le dernier mois favorable à la remontée vers le nord. Notre nouvel objectif est d'être à Salvador pour Noël. Il nous faut parcourir près de 2000 milles pour y arriver.


Depuis 15 jours les fronts froids venant du sud se succèdent et c'est par une pluie torrentielle que nous nous rendons à la police fédérale pour faire la sortie du pays. Les cales sont pleines, la prévision météo nous promet du vent d'Est à Sud Est pour les quatre jours à venir.


Vamos adelante : dimanche 29 octobre à 10 heures, nous sortons de la Darsena 4 de Puerto Madero, rapidement rafraîchis par le passage d'un grain pluvieux et venteux. Toute la nuit sera du même acabit. Le vent frontal nous obligeant à une navigation au moteur dans le chenal qui descend vers la mer.


On se fait petit et on reste bien sûr le côté lorsque les monstres d'acier nous croisent ou nous dépassent. La sortie en mer est interminable, il faut trente heures pour la retrouver et mettre enfin un peu de nord dans notre est. Le vent reste obstinément au NE nous obligeant à naviguer au près serré et même à tirer un bord au large de Punta del Este en Uruguay. A près deux jours il se décide enfin à tourner et se présenter par notre travers. La vitesse augmente en conséquence.


Notre premier arrêt est à 450 milles du départ : Rio Grande do Sul, la ville côtière brésilienne la plus méridionale. Des jetées de pierres immenses avancent en mer. Je n'en ai jamais vu d'aussi longues. Deux cargos se présentent en même temps que nous. Nous nous glissons entre les deux tout en se collant au bord du chenal.


Derrière nous se pointe un ciel gris et lourd. À peine arrivés dans la zone portuaire, un grain costaud s'abat sur nous : pluie torrentielle et vent de 40 nœuds aux fesses. On ne voit plus rien. Le radar et la cartographie électronique prennent ici toute leur valeur. Daniel nous guide aux instruments, Gaétan repère les bouées et je barre en penchant la tête au-dessus de la barre, comme pour mieux voir. «On se croirait à Zeebruges, une fin de journée de décembre» lance l'un d'eux. Je sens qu'ils commencent à avoir des doutes sur l'exotisme du Brésil !


Le chenal est long pour arriver au Yacht Club (11 milles soit 19 km). Un bateau à moteur qui a l'air officiel nous fait signe de le suivre. Il nous guide sur la dernière partie du trajet. Le grain se calme lorsque nous arrivons à destination.




D'un cabanon sur pilotis, sort un homme barbu en tablier blanc. Il nous crie en anglais «Quel est votre tirant d'eau ?» - «Deux mètres quinze» - «Alors vous ne pouvez pas rentrer au Yacht Club, amarrez-vous ici», le bras pointant vers un joli quai de bois à cinquante mètres. Le bateau à moteur s'est arrêté du côté intérieur du quai. C'est le navire de la Fondation océanographique de l'Université. Nous nous amarrons au ponton privé du Musée Océanographique. Accueil sympa et humain. Le directeur nous invite à rester gracieusement à quai tout en profitant de l'eau et de l'électricité. 


L'entrée dans le pays (vous savez comme j'adore) est expédiée en 3 heures avec la complicité de Mateus, chauffeur de taxi local que j'ai réquisitionné pour accélérer le parcours du con battant … Bon d'accord, les officiels ont été charmants et ont fait de gros efforts pour comprendre mon Portignol.


A 30 m de nous, s'ébattent des manchots en cure de revalidation et un lion de mer grassement nourri. Entouré d'un parc arboré, le Musée trône au centre de bassins d'eau où se prélassent des tortues marines. De l'autre côté du bras de mer, fleurit une île – réserve naturelle – pépiante d'oiseaux marins exotiques ... On aurait pu tomber plus mal.




Le deux novembre est ici férié comme jour des Morts. Juan Maria se promène sur notre petit quai. C'est un jeune vétérinaire mexicain qui travaille pour l'UFAW et qui fait un stage au musée. Si comme moi, vous associiez les pingouins et les manchots à la glace et au froid, vous avez tout faux !


Pour rappel, en français le terme «pingouin» qualifie un oiseau maritime vivant sous les latitudes nord de l'hémisphère nord. Il s'agit bien d'un oiseau avec des ailes qui peut voler à 80 km/h . Le terme «manchot» s'applique à des oiseaux marins de l'hémisphère sud qui ont des ailes atrophiées, car ils ne s'en servent que pour nager à une vitesse incroyable (jusqu'à 15 nœuds ou 27 km/h). On les appelle d'ailleurs nageoires.


Mais en portugais, anglais et espagnol, ces oiseaux du sud sont aussi appelés «pingouins» … Sur les 17 espèces de manchots, seules 4 se plaisent dans la froidure de la glace. Les autres en meurent. La plupart des espèces vivent le long des côtes argentines, chiliennes et brésiliennes jusqu'à la latitude de Rio de Janeiro.


Au Musée Océanographique, résident une bonne trentaine de pensionnaires «Manchots de Magellan» qui ont été récupérés sur les plages des environs. Ils s'y réfugient lorsque durant la migration hivernale vers le nord, ils ont perdu trop de graisse et n'arrivent plus à garder une température corporelle vitale. Sur la plage, ils se réchauffent, mais ne trouvent pas l'alimentation qui leur convient (essentiellement de petits poissons). Ils meurent alors de faim.


Ceux-ci ont de la chance, ils ont été retrouvés à temps et amenés au Musée. Ils sont en cure de grossissement : repos et mangeaille grasse. Ils seront tous libérés en avril prochain sur les plages avoisinantes. Il paraît que la plupart se réadaptent à la liberté.


Hier, un manchot mort a été ramené au labo du Musée. Croyant bien faire, il a été installé vivant dans un frigo par personne qui l'a trouvé … Deux biologistes sont en train de comptabiliser le contenu de son estomac. Ça pue !




J'espérais avoir assez de vent portant pour repartir le surlendemain, mais les prévisions des fichiers grib (champs des vents pour cartes d'ordinateurs) ne nous proposent que 30 heures de vent favorable pour les 330 milles de l'étape suivante. L'absence d'abris avant l'arrivée et un renforcement du vent avec une rotation au NE, nous interdisent le départ. Il faudra attendre la prochaine opportunité. L'équipage en profite pour faire deux excursions vers les villes voisines. Elles se soldent par des déceptions. On est super bien ici. Profitons du havre de paix offert par Lauro.


Lauro Barcellos a la cinquantaine rebondie du bon vivant. Après des études au Brésil et en Allemagne, il est devenu océanographe. C'est un idéaliste qui au contraire de beaucoup d'autres trouve l'énergie et la persévérance pour réaliser ses projets. Il y a trente ans, il a décidé un mécène privé à lui offrir la construction du Musée de la Mer. Les grands arbres du jardin ont été plantés de ses mains. Depuis quelques années, la base brésilienne antarctique a été en partie remontée ici et sert de musée sur le sujet.


Au département océanographique, nous retrouvons les pensionnaires en revalidation et plusieurs biologistes dont les travaux sont financés par l'Université et des sponsors. Une école de formation pour techniciens de l'environnement a été mise sur pied.


Sur le ponton auquel nous sommes amarrés, trône le bateau de travail océanographique, propriété de la Fondation Universitaire et un catamaran qui sert à l'école de voile que Lauro a monté.


Il a réussi à récupérer les 43ha de l'île de Pólvora, en face du musée. Ancien domaine militaire interdit d'accès depuis 200 ans, l'île est devenue une réserve naturelle peuplée essentiellement d'oiseaux marins.











Insatiable, il est en voie de reprendre un bâtiment sur les quais de la ville pour assurer aux gens les plus démunis de la région, différentes formations aux métiers de la mer.


Nous avons libre accès au Musée, à condition de remplir le livre d'or des bateaux de passage. Caramel s'y soumet bien volontiers.


En feuilletant ledit livre, je découvre les traces nos récents prédécesseurs : «Antipode» du skipper de course Christophe Auguin et Bénédicte, qui laisse une très jolie carte aquarellée. «Tiamanga» de Luc et Julie rencontré en janvier à Salvador. En panne de moteur, la bride au cou pour descendre en Terre de feu avant de remonter vers Tahiti. «Mon» de Toni, un navigateur solitaire espagnol rencontré à Parati et à Buenos Aires.


Plus d'émotion en retrouvant les moins chanceux : «Toustem» le Super Maramu de Claude qui a heurté une baleine après son passage ici. Gouvernail tordu et coque fêlée, il a rejoint Buenos Aires et été réparé au chantier de Martin Billoch. Et enfin une jolie aquarelle d' «Antipode», le Pogo 6,5m d'Antoine de Brest. Le voilier a été retrouvé seul en mer après un gros coup de vent sur la route du retour d'Ushuaia.


Le respect de l'Océan et l'humilité devant les éléments ne suffisent pas toujours.




Caramel a bien fait de rester planqué au quai du Musée. La nuit dernière a été tourmentée. Les amarres et les défenses ont miaulé toute la nuit sous la poussée du vent et les trombes de pluie. A 01H00, la station météo du port a enregistré 70 nœuds de vent. Sur Caramel, nous avions rentré les pavillons et le bimini, mais le drapeau brésilien sur le mât du quai a pris un sacré coup de vieux. Les manchots sont sur le bord de leur piscine, dos au vent, la tête rentrée dans les épaules.


Comme prévu, le vent est revenu ce matin au Nord, puis à l'Ouest et se stabilise enfin au Sud. Lauro vient nous saluer et nous informe que les autorités portuaires ont fermé le port pour la journée, même pour les cargos. Interdiction de sortir. Ce n'était pas notre intention, il sera bien temps de partir demain. Normalement, nous devrions bénéficier d'une solide période de vents portant.    




Nous avons les bons cachets tamponnés par les bonnes personnes sur nos bons papiers, Caramel peut larguer les amarres. Avant notre départ, Lauro avait promis un tour sur le « canua du lagon » que le musée a restauré. Il tient parole. Nous embarquons à sept sur cette large pirogue de huit mètres aux extrémités très arrondies. Deux courts mâts de bois supportent une voile latine de coton rouge. Les écoutes sont simplement passées par un trou foré dans la coque de bois épais. Bien adaptés aux eaux du Lagoa dos Patos, ces « canuas » étaient légion au 19ème siècle, ils ont quasiment disparu aujourd'hui et à part celui-ci, aucun ne navigue encore.


Lauro me confie la barre. C'est étonnant de facilité et d'équilibre sous voile. Lorsque la risée nous rattrape, les hommes se glissent naturellement au vent, mais je crois que c'est inutile, la coque pèse bien plus d'une tonne. Le près serré n'est évidemment pas son allure de prédilection et nous finissons les derniers mètres à la rame pour regagner le ponton, juste derrière Caramel. Encore merci Lauro !




De grands mouvements de bras sur le ponton accompagnent le départ de Caramel. Nous avons l'impression d'avoir laissé là quelque chose d'autre qu'une ancre de 20kg et une amarre de 100m …


Quelques longueurs de bateau plus loin, nous croisons un gros lion de mer faisant des ronds dans l'eau. Je le prends pour un bon présage et un clin d'œil du grand Sud que nous ne verrons pas.


Dans le chenal de sortie, le vent de sud et le courant de jusant lèvent un clapot désagréable. Des dizaines de chalutiers sont à l'ancre dans l'estuaire, pas trop loin de la sortie, attendant je ne sais quoi.


Après avoir cédé respectueusement le passage à un cargo, Caramel arrive en mer. Le vent fort de hier a bien formé la mer, mais son orientation arrière nous pousse facilement dans le bon sens. Soyons reconnaissants à Eole et supportons sans râler le roulis au passage des grosses lames.


Le vent de SSW souffle entre 20 et 25 nœuds. La mer est forte et la houle du large nous expédie de belles lames de près de cinq mètres. Ce sont des conditions idéales pour Caramel qui caracole régulièrement entre 10 et 12 nœuds en descendant les pentes liquides. Nos 24 premières heures débouchent sur son record de distance : 195 milles.


Le deuxième jour, le vent diminue un chouia mais nous étalons tout de même 188 milles. Le troisième jour, faute d'un record de distance, Daniel fait tomber le record du plus gros poisson pêché à bord : une dorade coryphène de 1,20m, qui après une lutte sérieuse pour être remontée à bord, finit rapidement en filet. On est des monstres. Les cannes sont remisées. Les trois-quarts du poisson sont congelés. On ne recommencera que lorsque tout sera mangé.


La dernière nuit sera vraiment pénible. Le vent de sud est retombé, mais la mer pas encore. Le bateau qui n'est plus suffisamment appuyé par le vent, roule au passage de chaque vague. C'est agaçant. Les navigateurs connaissent …


Après une belle navigation de 734 milles, nous arrivons à Parati, où nous retrouvons la Marina Engenho , Sophie d'Enomis et un autre bateau ami.


C'est une escale de visite pour mes amis équipiers. Malheureusement, le temps n'est pas de la partie. La fin du printemps est paraît-il un peu pourrie et il pleut beaucoup sur la région.

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Paraty










Après une courte étape à la Baie des Macaques sur Ilha Grande, Caramel nous amène au moteur jusqu’au Clube Naval de Charitas. Charitas est une plage située dans la baie de Jurujuba juste en face du centre urbain de Rio, de l'autre côté de la baie.


De la tête d'un ponton, une petite femme avec de grandes lunettes solaires sous un immense chapeau de paille, sort d'un bateau en acier tout jaune. « Hi Caramel ! Welcome at Charitas  ». Anglo-brésilienne, Suzy vit ici depuis 17 ans avec son mari brésilien. Leur tour du monde achevé, ils se sont trouvés bien à Charitas. Renato a trouvé du travail dans l'industrie pétrolière et ils se sont installés définitivement à quai. Suzy, bien connue de tous les bateaux de voyage qui font escale à Rio est une jolie personne adorable. Elle est une mine d'information pour les navigateurs et parle très bien le français qu'elle cultive à l'Alliance française de Niteroi.


Le Clube Naval est un club militaire ouvert au public. Conforme aux autres clubs de «socios» avec piscine et tout le toutim, sauf que l'ambiance est militaire. Ce dont on s'aperçoit dès l'accueil très «officiel» des officiels sur le ponton visiteurs… L'amarrage n'est vraiment pas terrible, mais il n'y a pas beaucoup mieux dans le coin. Un galonné me fait remarquer que l’extrémité de mon noeud de chaise est un peu courte. Il a raison Rontudjûûû !


A 600 m du Clube Naval, des catamarans rapides amènent leur lot de passagers directement au cœur de la cité. J 'accompagne l'équipage au sommet du Pao de Azucar, ensuite je leur laisse découvrir les plages et l'ambiance de la ville.


Happy Birthday Captain ! Une bouteille d'excellent champagne argentin, une invitation au resto et une bonne louche de sms. J'aime bien les anniversaires.


Rio de Janeiro



















La météo commande en cette fin de printemps, nous ne pouvons pas nous permettre de rater une dépression de sud. Deux rapides étapes à Cabo Frio et Buzios, nous amènent à bonne allure à Vitoria, Capitale de l'Etat d'Espirito Santo.


Nous avons de la chance, les très nombreux bateaux de pêche durant la nuit se tiennent à distance et le courant du nord ne se fait pas encore sentir en cette saison.


Le Iate Club de Vitoria ne peut pas nous accueillir à quai. Toutes les places sont occupées. Nous devons mouiller juste devant les pontons, dans une cuvette peu profonde avec un banc de sable à gauche et des caillasses à droite. Le tout chapeauté par un phénomène de vent venturi qui pousse l'anémomètre à plus de vingt nœuds tous les après-midis. Peu d'espace d'évitage et une flopée de bateaux à moteur qui passent à fond de caisse toute la journée, on a connu mieux … D'autant que la poussière noire et envahissante de Porto Tubaroa couvre le bateau en 24 heures d'une pellicule mate et collante …


Mais comme à notre première escale, la ville a du charme. Tout est facile et sans insécurité dans cette partie de la ville, les installations du Iate Club sont agréables. On y fait rapidement son nid. Gaétan et Daniel partent deux jours en excursion dans l'arrière-pays. Je ne me sens pas l'âme de laisser Caramel seul dans sa cuvette, donc je reste ici et j'en profite pour écrire quelques articles pour Sail the World.

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Promenade dans l'arrière-pays de l’Etat d'Espirito Santo























A la piscine, nous faisons la connaissance de Patrick qui navigue en solitaire et qui descend vers le sud du Brésil après des aventures véliques en Afrique du Sud et dans l'Océan Indien.


Nous rencontrons également une famille brésilienne qui remonte de Buzios vers les Antilles. Par chance, leur fils Ygor parle anglais et nous sympathisons directement. Il est biologiste marin et fait une pause entre ses études et un doctorat sur les baleines. Leur bateau : Uruz, est équipé de matériel d'enregistrement du chant des cétacés.


Cette fois, le bon vouloir de la météo se fait attendre un peu. Huit jours sont nécessaires à la remontée du prochain front. Comme nous avons les mêmes contraintes météo, nous partons en même temps qu'Uruz. Destination : l'archipel des Abrolhos.




Cette fois c'est un vrai front pluvieux. Ciel bas dégoulinant en permanence de grosses gouttes qui mouillent. Le vent arrière chasse la pluie dans le carré par la descente et il faut fermer la porte pour rester au sec. Génois tangonné et grand voile en ciseau, Caramel se paie des pointes à 12 nœuds en descendant les vagues. On va trop vite, nous allons arriver de nuit dans l'archipel et ce n'est pas une bonne idée. Nous réduisons la toile à un tiers de génois mais nous avançons toujours à plus de 6 nœuds.


Sept heures du matin nous voit prendre le corps mort de la Navy au nord de l'île Santa Barbara, juste sous le phare et les maisonnettes des guides de l'Ibama. Pas un bateau dans l'archipel, les deux bateaux de touristes qui ont tenté la traversée depuis Caravelas ont fait demi-tour en chemin. Nous avons le Parc Naturel pour nous seuls jusqu'à midi, à l'arrivée d'Uruz.


Ygor est aussi moniteur de plongée et connaît bien les Abrolhos. Avec Daniel, nous décidons de plonger ensemble sur l'îlot Siriba. Malheureusement, la visibilité n'est pas terrible avec ces vagues du sud qui chahutent les fonds. Mais tout de même, les rencontres avec la faune sous-marine sont peu farouches. Je survole même une tortue à une coudée de moi.


Le guide de l'Ibama vient nous proposer de parcourir l'îlot Siriba et sa colonie d'oiseaux de mer : les Atubas. Nous embarquons Ygor avec nous pour faire la traduction en anglais. Sur l'îlot, traînent quelques débris de bateau. Il ne fait pas bon rester dans l'archipel lorsque le vent souffle fort …

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La croissance des Atubas










Cette eau claire nous incite à la plongée et nous repartons en dinghy au nord de Santa Barbara pour quelques apnées dans le ressac. Agréables sensations que de se faire chasser par les vagues entre les rochers ronds, sous les yeux d'un mérou éberlué.










Depuis l'Europe, Didier (mon frère de la mer), nous expédie un fichier des vents (.grib). Une petite dépression va passer la nuit prochaine et nous ne voulons pas rater pour la dernière grande étape avant Salvador.









Cinq heures du matin, il fait déjà clair. Nous sommes sur le fuseau du nord Brésil, une heure idiote pour l'État de Bahia, car il fait nuit avant 18 heures …


Les amarres qui nous retiennent à la tonne de la Navy sont larguées. Le vent est ENE, du bon plein pour les connaisseurs. Caramel aime assez cette allure appuyée. Les cannes sont remises en pêche et c'est Gaétan qui gagne … un genre de maquereau, rapidement remis à l'eau.


Eole s'essouffle en seconde partie de nuit et nous continuons la route au moteur. La deuxième journée est ponctuée de grains et d'averses, nous arrivons bien dans la zone des alizés. Quelques minutes avant minuit, l'ancre de Caramel plonge devant la Pousada Lotus dans la baie de Camamu. Après plusieurs nuits agitées, nous apprécions le calme absolu du plan d'eau.


À part trois voiliers locaux, nous sommes seuls au mouillage. Les nouveaux arrivants traversent toujours l'Atlantique et manifestement, Caramel est un des rares bateaux à remonter en cette fin de printemps.













Je propose à l'équipage de remonter jusqu'à Maraú, le bourg principal de la région, à douze milles en amont. Une petite vingtaine de points de route sont nécessaires pour cheminer jusque-là. Les collines boisées défilent sur les berges du rio Maraú. De temps en temps, quelques maisons sont visibles, écrasées par la végétation. Dans les méandres, le courant a créé quelques îles bordées de plages de sable clair et de cocotiers penchés vers l'eau. De vraies images de cartes postales. L'équipage est ravi. Ouf !


Nous mouillons à une encablure, devant le ponton municipal. Une grappe de lanchas (bateaux locaux) est amarrée, attendant les derniers passagers dans un brouhaha rieur. A midi, chacun s'en va porter ses passagers aux hameaux disséminés sur le rio. Le fleuve comme souvent au Brésil est pratiquement le seul moyen d'accès. Salvador est à 120 km à vol d'oiseau, ce qui signifie ici huit heures de bus …












Les ressources du bourg sont maigres, mais nous trouvons de petites gargotes sympas, où le manger est aussi aimable que l'accueil. Le cybercafetier de l'endroit se met en quatre pour nous accélérer le débit de l'Internet et se confond en excuses de ne pas encore avoir installé Skype. Il vient de terminer l'installation de son commerce et nous sommes les premiers étrangers à y passer. Photo est prise de l'équipage de Caramel pianotant sur les claviers brésiliens.


La navigation en amont de Maraú est risquée avec Caramel, des hauts fonds de roches gênent sérieusement la route et nous décidons sagement de remonter le fleuve en dinghy. Objectif : la Cachoeira do Tremembé (Cascade de …). Nous emportons toutes nos réserves d'essence pour cette longue balade.


Moins d'un kilomètre après notre départ, nous fonçons à pleine vitesse lorsque nous croisons une lancha qui navigue bien au bord de la rive. Nous apercevons avec retard les grands signes que le pilote nous fait avec son chapeau. On comprend vite, mais il faut du temps … à 200 m en face de nous, un petit piquet de bois est planté dans l'eau, signalant des récifs que nous n'avions pas vu à cause des vaguelettes que le vent levait contre le courant. Merci Camarade !


Après 45 minutes de navigation, les rives se rapprochent sérieusement. Finalement, la mangrove marque la fin du voyage. Nous avons raté l'embranchement de la cascade. Demi-tour  !


Nous demandons notre chemin à la première pirogue rencontrée. L'homme choque sa voile et nous indique «Plus loin à gauche». A la seconde pirogue, l'itinéraire se précise : «À gauche». Nous embouquons un petit affluent et nous retrouvons devant une lancha chargée de gens au teint très pâle : des touristes. Nous sommes sur la bonne voie.


Il est 16 heures, nous avons la cascade pour nous seuls. Pas très haute mais large, l'eau y ruisselle en gouttelettes écumeuses. Avec une paire d'adolescents locaux, nous remontons le bord de la cascade. Le bruissement de l'eau donne envie de s'y rafraîchir en la descendant sur le postérieur.


Cachoeira de Tremembé










On ne le fera pas … Gaétan et Daniel iront nager au bas de la chute et je me doucherai sous le tuyau de déviation installé par les quelques habitants locaux. Je squatte leur salle de bain.




Au retour vers Caramel, je profite des grandes étendues de mangrove pour repérer une passe. Moteur à moitié relevé et au ralenti, nous pénétrons dans la végétation sur plusieurs centaines de mètres. Une vieille pirogue qui semble abandonnée nous barre l'étroit passage d'eau. Du museau du dinghy, je repousse la vénérable embarcation. Encore cent mètres et nous arrivons dans une clairière, en bordure de la forêt.


Un vieil homme marche dans ce marais. D'un bras, il remonte sa chemise à moitié tronc, le l'autre, il serre son pantalon roulé en boule. Les doigts de ses mains sont crispés sur les lanières de ses tongs. La marche est lente, les pieds s'enfoncent dans la vase. Je lui demande si tout va bien. Il me répond que oui, tout en faisant le signe brésilien qui correspond : poing fermé et pouce tendu vers le ciel.


Je ne sais pas d'où il vient, je ne vois pas où il va. Il continue à marcher. Le soleil est déjà bas, la lumière chaude. Son maillot de bain orange vif éclate sur sa peau noire mate. Il disparaît, nous repartons.


Dans ces instants, je sens mes tripes qui se resserrent. La charge émotionnelle des voyages sur l'Amazone et l'Orénoque reflue brusquement.














Le fleuve plaît à l'équipage, aussi nous décidons de faire une dernière étape à un endroit repéré lors de la remontée. C’est un mouillage sous le vent des îlots Tatus et Tubaroes : deux dunes élevées, couvertes de cocotiers et liserées de sable. Nous avançons prudemment, le sondeur avant en marche, parés à toute éventualité.


L'escalade de la dune de Tatus s'impose. La vue plongeante sur Caramel sagement au mouillage est plaisante. Daniel a repéré un hameau sur la rive du fleuve, derrière Tubaroes. Nous nous y rendons en dinghy, copieusement arrosés par des vagues courtes.


À distance, nous distinguons quelques habitations et colonne de fumée. Un petit quai de bois délabré permet de débarquer. Nous sommes la curiosité du jour, mais notre venue ne suscite qu'une observation réservée.


Les enfants viennent à notre rencontre, un groupe de femmes rient en se cachant le visage. Une jeune femme élégante aux longues jambes balaie le sable devant sa maisonnette. Une pirogue arrive sur la rive, l'homme pagaie puissamment, sa femme serre un bébé dans les bras. Des poules s'encourent en caquetant. Deux femmes puisent des petits crabes cuits dans un seau et récupèrent adroitement la chair des pinces après les avoir brisées d'un coup de bâton. Un pêcheur fabrique un nouveau filet, sa main rapide ligature les mailles sur une ligne de flotteurs tendue entre deux cocotiers.


Sur la berge, quelques planches fichées dans le sable tiennent lieu de bistrot. Devant une bière fraîche, nous épousons la même activité que les hommes autour de nous : regarder le soleil orangé descendre sur l'autre rive dans le clapotis du courant.




La baie de Morro do Sao Paulo est à 35 milles. Fréquentée il y a cinq ans, je n'en avais pas gardé un souvenir agréable. Ce devait être un week-end et la musique était tonitruante sur la plage. Cette fois, nous avons pénétré plus avant dans la baie et sommes mouillés à quatre milles de la mer, derrière la langue de sable de la presqu'île de Punta Curral. Si l'endroit est visuellement paradisiaque avec sa cocoteraie sur tapis de sable blanc, c'est aussi un endroit touristique qui n'a pas, à mon sens, l'authenticité de Camamu. Mais je deviens difficile et l'équipage est enthousiaste. Farniente et barbecue au programme.


L'équipage part en vadrouille dans la station balnéaire, alors que je me cale devant mon écran pour terminer ce texte et choisir les photos qui vont l'illustrer. Rien à faire, il faut être seul pour écrire, pour entrer dans l'état de rêverie capable de libérer les mots et laisser son esprit frapper directement sur les touches du clavier.




Trente milles plus au nord s'étend la baie de Salvador que Caramel connaît bien. Nous allons y faire une longue étape. Catherine me rejoindra avec son bras handicapé pour passer Noël et Nouvel An. Les équipiers y retrouveront aussi leurs moitiés pour quelques itinéraires plus terrestres.


Caramel poursuivra son voyage mi-janvier. D'ici là, chers amis lecteurs, je vous souhaite un tas de bonnes résolutions


***


Fait à Salvador de Bahia, le 13 décembre 2006 au son de la fanfare militaire de la Navy qui défile dans la rue.


Crédit photos : Gaétan, Daniel et Patrick 




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